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Soldat israélien reconnu coupable d’homicide sur un Palestinien

Le soldat, au centre, photographié mercredi à son arrivée au tribunal pour la lecture du jugement. KEYSTONE/EPA SIPA PRESS POOL/HEIDI LEVINE / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Un jeune soldat israélien a été reconnu coupable d’homicide sur un Palestinien, a indiqué l’armée israélienne mercredi. Il avait achevé un assaillant palestinien blessé. Le procès qui s’est tenu à Tel-Aviv a divisé la population en Israël.

La présidente de la cour, le colonel Maya Heller, a entamé dans la matinée la lecture du jugement. Elle a déconstruit une à une les lignes de défense du sergent Elor Azaria, âgé de 20 ans. Les trois juges devraient prendre plusieurs semaines avant de prononcer leur verdict.

Le jeune sergent était jugé depuis mai 2016 pour avoir tiré une balle dans la tête d’un Palestinien gisant au sol et apparemment hors d’état de nuire après avoir attaqué au couteau des soldats israéliens. Poursuivi pour homicide, il encourt vingt ans de prison.

La présidente de la cour a relevé la contradiction entre un des arguments de la défense selon lequel le Palestinien représentait encore une menace, et un autre selon lequel il était déjà mort. Elle a retenu les témoignages selon lesquels le soldat avait déclaré sur place que le Palestinien méritait de mourir. Elor Azaria savait ce qu’il faisait, a-t-elle dit, ajoutant que le Palestinien était mort “inutilement”.

Le cas d’Elor Azaria, âgé de 19 ans au moment des faits en mars 2016, a mis en lumière de profondes lignes de fracture dans l’opinion. Certains avaient plaident pour le strict respect par l’armée de valeurs éthiques, d’autres invoquaient le soutien dû aux soldats confrontés aux attaques palestiniennes.

Deux arrestations

Des accrochages ont éclaté entre des dizaines de jeunes supporteurs du prévenu et les forces de l’ordre à l’extérieur du quartier général de l’armée où le tribunal statuait. Deux personnes ont été arrêtées, selon la police. “Le peuple d’Israël n’abandonne pas l’un de ses soldats sur le champ de bataille”, proclamait une pancarte.

Le soldat a été salué par des applaudissements et des accolades chaleureuses quand il est arrivé en uniforme pour la lecture du jugement. Le dossier Azaria a opposé l’état-major à la droite ainsi qu’à des personnalités politiques de premier plan.

Manifestations de soutien

Avigdor Lieberman, alors pas encore ministre de la Défense, avait soutenu le soldat en assistant au début de son procès. Naftali Bennett, ministre de l’Education et chef de file de la droite nationaliste et religieuse, a récemment affirmé qu’Elor Azaria ne devait pas passer une seule journée en prison et qu’il devrait être gracié par le président s’il était reconnu coupable par les juges.

Dans un pays régulièrement confronté aux attaques palestiniennes, l’armée est une institution. Des milliers d’Israéliens ont pris fait et cause pour le soldat lors de manifestations ou sur les réseaux sociaux.

Vague de violences

Le soldat a été filmé le 24 mars 2016 par un activiste pro-palestinien alors qu’il tirait une balle dans la tête d’un homme de 21 ans, à Hébron en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l’armée israélienne. Avec un autre Palestinien, la victime venait d’attaquer des soldats au couteau.

Les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël étaient alors en proie à une vague de violences quasiment quotidiennes. L’affaire semble être un des cas les plus flagrants d’usage excessif de la force dont sont régulièrement accusées les forces israéliennes vis-à-vis des Palestiniens, en particulier en Cisjordanie occupée.

L’accusé a plaidé non coupable

Un procès comme celui-ci d’Elor Azaria est cependant exceptionnel. Le jeune soldat, constamment entouré des siens au cours des mois de débats, a plaidé non coupable. Il pensait que le Palestinien dissimulait sous ses vêtements une ceinture d’explosifs, ont expliqué ses avocats.

Ils ont aussi argué, contre les conclusions de l’autopsie, que le Palestinien était déjà mort quand le sergent avait tiré. L’accusation, au contraire, a réclamé sa condamnation pour homicide.

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