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Stigmatiser les migrants engendre les violences (HCDH)

(Keystone-ATS) Le Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad al Hussein, a condamné mardi à Genève les déclarations de dirigeants stigmatisant les migrants qui arrivent en Europe. Selon lui, elles aboutiront à engendrer des violences, du racisme et du sectarisme.

“Lorsque vous classez les gens en considérant qu’ils constituent une menace – qu’ils sont des ‘hordes’, que nous sommes ‘envahis’, que des ‘essaims’ arrivent, – vous entamez un processus de déshumanisation que l’histoire nous a appris à connaître”, a déclaré le responsable onusien.

S’exprimant devant un parterre composé d’étudiants et de diplomates au Graduate Institute de Genève, Hussein a expliqué que les dirigeants politiques pouvaient avoir le sentiment d’exercer de manière responsable leur liberté d’expression. Pourtant, a-t-il jugé, un tel langage n’est pas acceptable même dans une forme édulcorée.

“Quelqu’un va écouter ces paroles et au bout du compte, dans un village, quelque part, une famille sera assassinée parce que certains estiment avoir le droit d’exercer des violences sur cette famille particulière parce qu’un homme politique l’a stigmatisée”, a-t-il expliqué.

Les dirigeants politiques sont libres d’exprimer leurs points de vue et leur volonté, mais ils doivent le faire “en tenant compte de l’histoire et en faisant preuve de responsabilité”.

“Ne pas céder de terrain”

“Pour les sectaires, les chauvins, les racistes, peu importe combien de personnes arrivent réellement. Une seule famille différente ou étrangère suffit à être la source d’un problème. Nous devons prendre garde à ne pas céder de terrain à des gens comme ça”, a-t-il encore affirmé.

Zeid n’a pas désigné nommément de pays ou de dirigeant, mais le Premier ministre britannique David Cameron s’était attiré des critiques cette année pour avoir parlé “d’essaims” de migrants.

De nombreux pays affirment mener une guerre contre les trafiquants d’êtres humains, mais ils montrent peu d’empathie à l’égard des victimes et rendent impossible l’accès à leur marché du travail pour les migrants même si ces pays ont désespérément besoin de main d’oeuvre, a-t-il poursuivi.

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