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Suspension du procès du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso

Le général Diendéré (G) et les autres personnes poursuivies sont accusés d'attentat à la sûreté de l'État, meurtres, coups et blessures volontaires (archives). KEYSTONE/AP/THEO RENAUT sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso a été suspendu sine die mardi après-midi après le retrait de tous les avocats de la défense, a constaté un journaliste de l’AFP. Au total 84 accusés sont jugés par un tribunal militaire.

“Compte tenu de l’absence des avocats, l’audience est suspendue”, a déclaré le président du tribunal Seydou Ouedraogo, un magistrat professionnel. Les avocats de la défense se sont retirés parce qu’ils contestent la légalité du tribunal militaire, composé de deux magistrats professionnels et de trois militaires ayant rôle d’assesseurs.

“Nous nous retirons parce que la juridiction devant juger cette affaire n’est pas légale”, a argumenté Me Michel Traoré, avocat de l’ancien chef d’état-major Boureima Kéré. Une position reprise par Me Mathieu Somé, avocat du général Diendéré. Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, également jugé mardi, sont les cerveaux présumés du coup d’Etat manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés.

Me Guy-Hervé Kam, un des avocats des parties civiles, a dénoncé une “manoeuvre dilatoire”. Et de déclarer que “le retrait des avocats montre simplement la volonté des accusés de ne pas être jugés. Ils vont utiliser les moyens les plus hasardeux pour faire durer le procès”. “L’intention est claire, ils ne veulent pas aller à un jugement”, a également estimé le président de l’Association des blessés du putsch manqué, Franck Sia.

Sable archicomble

Le procès avait débuté mardi matin dans la salle des banquets de Ouaga 2000, archicomble avec plus de 600 personnes, dont 300 des parties civiles. Une centaine de personnes n’ont pas pu entrer.

Les forces de l’ordre ont pris des mesures de sécurité exceptionnelles, bouclant la zone dans un périmètre de 200 mètres. Les autorités ont interdit tout appareil électronique, notamment les téléphones portables, à l’audience et même dans la zone de sécurité de 200 mètres autour de la salle, y compris aux journalistes. Le public était systématiquement fouillé à l’entrée de la zone.

Le 16 septembre 2015, des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Le RSP était la garde prétorienne de Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.

Lourdes peines

Les accusés risquent tous de “lourdes peines” au terme de ce procès censé durer plusieurs mois, selon des sources judiciaires. Elles ont précisé que “la lecture de l’ordonnance de plus de 15’000 pages annoncera la couleur de ce procès marathon”. Le général Diendéré et les autres personnes poursuivies sont accusés d’attentat à la sûreté de l’État, meurtres, coups et blessures volontaires.

Le général Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Compaoré, est lui poursuivi pour “trahison” sur la base de l’enregistrement d’une conversation téléphonique qu’il aurait eue avec le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro. Il semble y affirmer son soutien au putsch.

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