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Syngenta rejette une offre de rachat de ChemChina – Le titre flambe

(Keystone-ATS) Dans un contexte de grandes manoeuvres dans l’agrochimie, Syngenta n’en finit pas de susciter la convoitise. Après avoir déjà rejeté les avances de l’américain Monsanto, le groupe bâlois aurait repoussé celles de China National Chemical (ChemChina).

Durant la nuit de jeudi à vendredi, Bloomberg a affirmé, sans toutefois mentionner ses sources, que l’offre de ChemChina se montait à environ 449 francs par titre Syngenta, valorisant le groupe agrochimique rhénan à 41,7 milliards. Selon l’agence américaine, Syngenta aurait motivé son rejet du projet du fait de possibles objections de la part des autorités de régulation.

Bloomberg relève encore que les discussions entre les deux groupes se poursuivent, malgré le rejet de l’offre de ChemChina. Des analystes avaient notamment mentionné le nom de l’entreprise chinoise en tant que potentiel repreneur pour les divisions dont Syngenta aurait dû se défaire en cas de fusion avec Monsanto.

Pour mémoire, Syngenta avait émis durant l’été des doutes similaires quant aux risques réglementaires d’un rapprochement, après les tentatives répétées de géant américain des semences, Monsanto. Contactée vendredi par awp, la direction du groupe établi à Bâle n’a pas souhaité commenter la rumeur relayée par Bloomberg.

Envol du titre Syngenta

Celle-ci n’a pas laissé de marbre les investisseurs. Après avoir ouvert la séance de la Bourse suisse en hausse de plus de 11% vendredi, le titre Syngenta gagnait encore 7,2% vers 11h20 à 370,90 francs. Dans le même temps, l’indice Swiss Market Index (SMI) des valeurs vedettes fléchissait de 0,6%.

Reste que les analystes tiennent pour acquises de grandes manoeuvres dans le secteur de l’agrochimie. “Tout le monde parle à tout le monde”, avait aussi assuré fin octobre Andrew Liveris, le directeur général de The Dow Chemical Company (Dow). Hugh Grant, celui de Monsanto, avait de son côté jugé “inévitable” une consolidation de la branche.

“La raison principale de ce mouvement est la situation actuellement tendue de l’économie agricole”, estime Jeremy Redenius, du cabinet Bernstein. “Les prix des récoltes baissent depuis deux ou trois ans, la croissance des volumes ralentit, les entreprises se tournent vers la consolidation pour renforcer leurs positions”, note l’analyste.

La semaine passée, la presse avait évoqué un rapprochement entre le groupes américains DuPont, Dow et Syngenta. Alors que DuPont et la multinationale bâloise fusionneraient, Dow reprendrait leurs activités dans les engrais, les pesticides et les herbicides.

Critiques

Echaudée par le rejet des offres de Monsanto, une centaine d’actionnaires du groupe rhénan a constitué en octobre dernier l’Association des actionnaires critiques de Syngenta. Réclamant un examen de la stratégie de l’entreprise, elle reproche à ses organes dirigeants d’avoir manqué plusieurs opportunités créatrices de valeur au cours de ces dernières années. Elle observe que Syngenta a constamment perdu des parts de marché.

Toujours en octobre le directeur général de Syngenta, l’Américain Mike Mack a créé la surprise en annonçant sa démission pour la fin du mois, après huit années passées à la tête de la multinationale rhénane. L’intérim sera assuré par le chef des finances, le Britannique John Ramsay, jusqu’à la nomination d’un successeur.

Les jours suivants, Michel Demaré, le président du conseil d’administration de Syngenta, a expliqué dans la presse que le départ de M. Mack n’était en rien lié au rejet des offres de rachat de Monsanto.”Mike Mack a récemment fait le point sur son très bon bilan et il est parvenu à la conclusion qu’il avait atteint ses buts”, avait notamment déclaré le Belge.

Suite au refus des avances de Monsanto, Syngenta s’est cependant attelé à choyer ses actionnaires. Dans le cadre des mesures engagées à cet effet, le groupe a annoncé la mise en vente de son activité dans les semences potagères et le lancement d’un programme de rachat d’actions à hauteur de 2 milliards de francs.

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