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Syrie: l’EI libère des habitants de Minbej pris en otages

En un peu plus de deux mois de bataille, 437 civils ont été tués, dont 105 enfants dans Minbej et sa région. KEYSTONE/AP militant photo/UNCREDITED sda-ats

(Keystone-ATS) Le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a libéré samedi des centaines de civils qu’il avait emmenés comme boucliers humains en se retirant de son fief de Minbej en Syrie. Il y avait été mis en déroute par des combattants soutenus par les Etats-Unis.

Dans leur retraite de Minbej, les djihadistes de l’EI avaient emmené vendredi près de 2000 civils, dont des femmes et des enfants. Sa défaite dans cette localité était la pire du groupe face aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de combattants arabes et kurdes, soutenue par les frappes américaines.

Parmi les civils emmenés “figurent des habitants qui ont été utilisés comme boucliers, mais aussi beaucoup qui ont choisi de partir volontairement par peur de représailles” des FDS, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Plusieurs centaines “sont désormais en liberté”, a précisé l’OSDH.

De son côté, une source des FDS a dit qu’une “partie des civils avait pu s’échapper sur la route menant à Jarablous”, un autre fief de l’EI plus au nord, et “d’autres ont été relâchés”. Elle ne confirme toutefois pas si tous ont été libérés.

Civils en liesse

Les FDS, l’une des principales forces anti djihadistes en Syrie, s’étaient emparées le 6 août de Minbej. Mais elles avaient continué à pourchasser quelques dizaines de djihadistes cachés. “Il n’y a plus aucun combattant de l’EI” à Minbej a indiqué une source des FDS. L’information a été confirmée M. Abdel Rahmane.

La télévision Kurdistan24, basée à Erbil (Irak), a diffusé des images de civils en liesse dans la ville, qui a subi de terribles destructions. Des femmes en niqab embrassaient des combattantes kurdes. D’autres femmes le visage dévoilé portaient leurs bébés, le sourire aux lèvres.

Devant la caméra, une femme a brûlé une longue robe noire imposée aux habitants par les djihadistes, tandis que des hommes se coupaient la barbe avec des ciseaux. L’EI interdit aux hommes de se raser dans les zones qu’il contrôle en Syrie et en Irak voisin.

L’EI perd du terrain

“La bataille a été très dure”, a affirmé une source kurde. “Et les djihadistes avaient posé des mines dans la ville”. “Un combattant des FDS est entré vendredi dans une maison, il y a vu une chaussure placée sur un exemplaire du Coran. Lorsqu’il a enlevé le soulier, une explosion a été déclenchée et il a été tué”, a-t-elle raconté.

En un peu plus de deux mois de bataille, 437 civils ont été tués, dont 105 enfants dans Minbej et sa région. Environ 300 membres des FDS et 1000 djihadistes ont aussi péri, selon l’OSDH.

D’après cette ONG, l’EI, responsable d’atrocités telles que des enlèvements, des viols et des décapitations, ne contrôle plus que 35% du territoire syrien contre 50% en 2015, après plusieurs revers. Après la perte de Minbej, le groupe occupe toujours dans la province d’Alep les villes d’Al-Bab, de Dabiq et surtout celles de Jarablous et d’Al-Raï situées à la frontière turque.

Il contrôle également la majorité de la province voisine septentrionale de Raqqa et totalement son chef-lieu éponyme, considéré comme sa capitale de facto. Plus à l’est, l’EI domine la majeure partie de la province pétrolière de Deir Ezzor, limitrophe de l’Irak, et contrôle 60% du chef-lieu éponyme.

Appel d’Amnesty

Sur un autre front de la guerre, à Alep, les combats se poursuivaient samedi entre régime et rebelles. Au moins 209 civils, dont 55 enfants, ont péri depuis le début de l’offensive rebelle le 31 juillet, selon un dernier bilan de l’OSDH.

Amnesty International a par ailleurs appelé la communauté internationale à tout mettre en oeuvre pour faire évacuer de Madaya une fillette syrienne de dix ans blessée et souffrant d’une fracture complexe. Se situant à la frontière libanaise, la localité est assiégée par les forces du président syrien Bachar al-Assad.

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