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Tariq Ramadan échappe à une troisième inculpation pour viol

En reconnaissant cette relation adultère, éloignée des enseignements qui ont fait sa célébrité, Tariq Ramadan a terni un peu plus son image auprès de ses soutiens. Mais, sur le plan judiciaire, il a obtenu un répit (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) L’islamologue suisse Tariq Ramadan a pour la première fois reconnu des relations sexuelles “consenties” avec la troisième femme qui l’accuse de viol. Les juges parisiens qui l’ont interrogé dans la journée ont décidé de ne pas le mettre en examen dans ce volet.

“Les magistrats ont considéré, à la suite des explications de M. Ramadan et des documents qui ont pu être fournis, qu’il n’y avait pas lieu de le mettre en examen concernant Mounia”, a déclaré son avocat Me Emmanuel Marsigny devant la presse. “C’est un tournant dans cette affaire”, s’est-il félicité , à l’issue de l’audition, débutée en milieu de matinée et achevée vers 21h00 au tribunal de Paris.

Devant les juges, Tariq Ramadan a maintenu qu’il n’avait jamais eu le moindre rapport sexuel avec les deux premières plaignantes. Âgé de 55 ans, il a été écroué le 2 février. Il est actuellement détenu à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, dans la banlieue parisienne, en raison de sa sclérose en plaques. Il a déjà été mis en examen (inculpé) pour deux viols, dont l’un sur personne vulnérable, qu’il nie catégoriquement avoir commis.

L’enquête a démarré en octobre. Elle reposait initialement sur les accusations d’anciennes admiratrices du prédicateur – la militante laïque et ancienne salafiste Henda Ayari et une femme connue sous le pseudonyme de “Christelle”. Ces femmes ont décrit des rapports sexuels forcés et accompagnés d’une grande violence.

Robe tachée de sperme

Depuis mars, une troisième plaignante, Mounia Rabbouj, l’accuse des mêmes faits et le parquet de Paris avait requis une nouvelle mise en examen. Cette ancienne escort-girl est l’une des protagonistes du procès pour proxénétisme de l’hôtel Carlton aux côtés de l’ancien directeur du FMI, le Français Dominique Strauss-Kahn.

Elle affirme avoir été violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014. Pour prouver la relation sexuelle avec Tariq Ramadan, elle a versé au dossier une robe noire tachée de sperme. Les résultats des tests ADN sont attendus prochainement.

A l’inverse, la défense affirme avoir déposé lundi “plus de 300 vidéos et plus de 1000 photos” témoignant d’une relation consentie entre l’intellectuel et cette femme, espérant convaincre les juges de renoncer à cette mise en examen.

La famille au créneau

En reconnaissant cette relation adultère, éloignée des enseignements qui ont fait sa célébrité, Tariq Ramadan a terni un peu plus son image auprès de ses soutiens, lui qui fut une des rares figures médiatique et populaire de l’islam en Europe. Mais, sur le plan judiciaire, il a obtenu un répit. Son avocat entend en profiter pour déposer une nouvelle demande de remise en liberté de son client, qui avait été refusée une première fois en mai.

Au gré des révélations sur sa vie personnelle dans cette affaire, ses soutiens se sont peu à peu effrités. Sa famille en revanche monte régulièrement au créneau pour continuer à le défendre. “Mon soutien à mon père n’est ni aveugle, ni naïf. J’ai vécu pendant une trentaine d’années avec lui et les contradictions des plaignantes me confortent dans ma conviction”, a ainsi affirmé sa fille Maryam Ramadan dans un entretien au quotidien Libération publié mardi.

Plainte en Suisse

En garde à vue, l’islamologue a reconnu avoir rencontré Henda Ayari et “Christelle” en public, une seule fois chacune, mais a nié tout rapport sexuel. Confronté à “Christelle”, il a admis un “jeu de séduction” dans leurs échanges électroniques.

En Suisse, une quatrième femme a porté plainte et son témoignage doit encore être versé au dossier français.

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