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TGV Lyria prend un risque financier mesuré avec sa nouvelle offre

A compter du 15 décembre, Lyria augmentera sa capacité en sièges de 30% dans les TGV circulant entre Paris et la Suisse (archives). KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) TGV Lyria, avec son investissement d’un demi-milliard de francs dans une nouvelle offre, fait le pari que les passagers seront au rendez-vous. L’entreprise ferroviaire franco-suisse espère ainsi mieux rentabiliser son parc de trains et diversifier sa gamme de voyages.

A compter du 15 décembre, Lyria augmentera sa capacité en sièges de 30% dans les TGV circulant entre Paris et la Suisse (Genève, Lausanne, Zurich et Bâle) et mettra en circulation un matériel roulant comportant 15 nouvelles rames à deux étages.

“Notre stratégie, dont la part de risque est assumée, repose sur l’hypothèse que nous serons en mesure d’augmenter le nombre de passagers transportés afin de dégager un bénéfice d’exploitation suffisant pour amortir le coût de remplacement de nos trains”, a expliqué vendredi à AWP Fabien Soulet, directeur général.

Lyria a par trois fois dans le passé connu des pertes d’exploitation absorbées par ses deux actionnaires que sont la SNCF (76%) et les CFF (24%). La situation a été complètement assainie depuis, grâce notamment à la suppression des dessertes non rentables. Genève-Marseille est ainsi la seule liaison TGV ne partant pas de Paris et ce, uniquement les deux mois d’été dans le nouvel horaire.

“Dans notre activité, la maîtrise des coûts en lien avec le matériel roulant est essentielle, particulièrement ceux engendrés par la maintenance”, selon M. Soulet. Il s’agit de les minimiser d’une part tout en augmentant le taux d’utilisation des trains, d’autre part. Lyria compte aujourd’hui 21 rames dont 19 à un seul étage, datant du milieu des années nonante. “Leur remplacement par des rames en duplex était la condition pour moderniser le parc”. Et réaliser 30% d’économies grâce à un nouveau schéma de maintenance industrielle, selon le directeur général.

Avec l’aide de la société de conseil zurichoise SMA, spécialisée dans le domaine des systèmes ferroviaires, et de l’EPFL, l’entreprise s’est également attachée à améliorer sa productivité. “Le cadencement et la simplification des horaires va permettre à nos trains de circuler trois à quatre heures de plus par jour et d’effectuer, de nuit, la maintenance obligatoire tous les deux jours.”

La concurrence de l’avion

TGV Lyria évalue à “plus de 50%” sa part de marché actuelle dans le transport de personnes entre la Suisse et Paris. L’opérateur compte l’augmenter en ralliant ceux qui préfèrent encore voyager en avion. Pour ce faire, il dispose de fait d’une plus grande capacité de transport.

La mise en circulation de TGV duplex va l’augmenter de 4500 places par jour, soit 18’000 au total. Fabien Soulet reconnait toutefois que le taux de remplissage n’est pas le premier objectif. “Nous avons mécaniquement accepté de le dégrader en privilégiant la croissance des capacités. Par ailleurs, l’utilisation de rames Duplex s’imposait pour moderniser le parc, car il n’y avait pas de rames neuves à un étage disponibles”.

L’offre qualitative “Business 1ère” – au prix fixe de 225 francs sur un aller Genève – Paris, par exemple – remplit les besoins des voyageurs en avion et au-delà, selon Fabien Soulet. Une restauration chaude à la place est proposée et le wifi – disponible dans les trois classes de voyage – est accessible durant tout le trajet pour un “voyage connecté”.

“Sur les huit millions d’euros investis dans la mise en service du wifi, plus de la moitié a concerné la pose d’antennes télécom le long des voies dans les zones blanches montagneuses traversées par le train”, a précisé le dirigeant.

A l’autre extrême, le transporteur ferroviaire franco-suisse a également prévu d’augmenter l’offre en entrée de gamme à moins de 57 francs. Du côté des entreprises, certaines ont déjà approché Lyria, dans le but de ne plus voyager en avion entre la Suisse et Paris afin de pouvoir communiquer sur la réduction correspondante de leur empreinte carbone.

“Nous n’avons pas besoin d’augmenter le nombre de nos passagers de 30% – comme notre capacité – pour être rentable”, a précisé le directeur général de Lyria. “La très nette amélioration de notre productivité réduit considérablement notre marge d’erreur”, a-t-il conclu.

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