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Theresa May à l’offensive pour défendre son avenir et son plan pour le Brexit

Theresa May a répondu durant une demi-heure aux questions des auditeurs de la radio LBC sur un ton presque enjoué. Compte Twitter de LBC sda-ats

(Keystone-ATS) La Première ministre britannique Theresa May a obtenu vendredi une bouffée d’oxygène dans sa défense acharnée du projet d’accord sur le Brexit. Elle a trouvé un remplaçant au ministre démissionaire du Brexit.

Stephen Barclay, 46 ans, avocat spécialisé dans la réglementation financière et eurosceptique, remplace Dominic Raab qui avait jeté l’éponge jeudi, un coup dur pour la cheffe du gouvernement.

L’europhile Amber Rudd, qui avait démissionné de l’Intérieur emportée par un scandale lié au traitement réservé aux immigrés originaires des Caraïbes, revient au gouvernement avec le portefeuille du Travail et des Retraites.

Soutien

Deux poids lourds europhobes de son gouvernement lui ont apporté leur soutien au lendemain d’une cascade de défections. L’influent ministre de l’Environnement Michael Gove, figure de proue de la campagne pro-Brexit, a dit avoir “absolument” confiance en elle.

“J’espère bien continuer à travailler avec tous mes collègues du gouvernement et tous mes collègues au Parlement pour faire en sorte que nous obtenions le meilleur pour le Royaume-Uni”, a ajouté le ministre, interrogé par des journalistes.

Le ministre du Commerce international Liam Fox a également volé au secours de Mme May, assurant qu’il avait lui aussi “pleinement confiance” en elle, lors d’une conférence à Bristol, et estimant que le pays avait désormais “besoin de stabilité”.

Les médias britanniques présentaient M. Gove comme un candidat au départ, après la démission jeudi de quatre membres du gouvernement, dont le ministre du Brexit Dominic Raab.

Vote de défiance

L’autorité de Theresa May a été durement ébranlée par de quatre membres de son gouvernement, inquiets notamment du sort particulier réservé à la province britannique d’Irlande du Nord après la sortie de l’UE dans le compromis de divorce conclu par Londres avec l’Union européenne.

Elle est aussi menaéce d’un vote de défiance de députés de son propre camp, partisans d’une rupture nette avec l’UE. Jacob Rees-Mogg, dirigeant du groupe parlementaire eurosceptique European Research Group (ERG), a lancé la manoeuvre. Il l’a accusé d’avoir trahi les promesses faites au peuple britannique sur le retrait de l’UE.

Il a déjà rallié au moins 22 députés tories, mais le compte n’y est pas : l’appui de 48 d’entre eux, soit 15% du groupe conservateur à la chambre des Communes, est en effet requis pour organiser un tel vote de défiance. Il faudrait ensuite qu’une majorité de députés conservateurs votent contre Theresa May. David Lidington, le numéro deux du gouvernement, a estimé que Theresa May remporterait un vote de confiance “haut la main”.

Opération de charme

Entretemps, la cheffe de l’exécutif a lancé une opération de charme envers les Britanniques pour les convaincre des bienfaits du projet d’accord, répondant aux questions des auditeurs de la radio LBC tôt vendredi matin. Pendant une demi-heure, elle a adopté un ton presque enjoué, assurant à l’un d’eux, qui l’appelait à démissionner, que le texte permettrait au Royaume-Uni de redevenir maître de son avenir.

Theresa May avait déjà défendu bec et ongles le projet d’accord avec l’UE devant les députés la veille. Elle a fait planer la menace d’un retour en arrière sur le Brexit, prévu le 29 mars 2019, si elle n’obtenait pas de soutien au Parlement.

Pendant trois heures, elle a affronté des députés vent debout contre l’accord : les Brexiters craignent que le Royaume-Uni reste trop étroitement amarré à l’UE, tandis que les europhiles estiment plus bénéfique de rester au sein du bloc européen et réclament un second référendum.

Des députés de divers bords lui ont déclaré qu’il n’y avait aucune chance que le plan obtienne leur aval en décembre, mais Mme May a rejeté les appels à la démission. “J’ai moi-même des inquiétudes”, a admis Mme May sur LBC. Mais dans toute négociation, il faut faire des “compromis”.

Menaces du DUP

Ses propos n’ont pas convaincu le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, dont les dix députés lui sont indispensables pour avoir une majorité absolue. Le DUP entend s’opposer au projet d’accord.

Le Daily Telegraph croit savoir que le DUP se considérera comme délié de son accord politique avec le Parti conservateur, sauf si Mme May est remplacée par un autre dirigeant. Mais Theresa May a assuré vendredi qu’elle continuait de travailler avec le DUP, sans toutefois pouvoir garantir son soutien.

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