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Trump, niant toujours sa défaite, intervient au sommet de l’Apec

Les participants au Forum économique Asie-Pacifique Apec ont adopté à la fin du sommet une déclaration assurant de leur détermination à travailler ensemble pour que le monde se relève de la pandémie du coronavirus. Une déclaration sans grand relief, mais qui constitue tout de même un progrès. KEYSTONE/EPA/FAZRY ISMAIL sda-ats

(Keystone-ATS) Donald Trump, qui continue de nier sa défaite à l’élection présidentielle américaine, a participé vendredi à la réunion du Forum économique Asie-Pacifique (Apec), où son homologue Xi Jinping a vanté les bienfaits du libre-échange, contre le protectionnisme américain.

Le sommet, organisé par la Malaisie, se déroule en ligne cette année en raison de la pandémie de Covid-19. Il rassemble les 21 pays du pourtour du Pacifique, dont les deux premières économies mondiales, les Etats-Unis et la Chine, qui assurent quelque 60% du PIB mondial.

En ouverture du sommet, le président Xi Jinping a présenté jeudi son pays comme le moteur du commerce mondial, et promis d'”ouvrir encore davantage les portes” de son marché national.

“Il est important que la région Asie-Pacifique reste le fer de lance de la sauvegarde de la paix et de la stabilité, de la défense du multilatéralisme et de la promotion d’une économie mondiale ouverte”, a-t-il déclaré, selon le média public chinois CCTV.

Pékin a vu son rôle dans l’Apec renforcé ces dernières années sous l’effet de la politique “l’Amérique d’abord” de Donald Trump et de son retrait des institutions multilatérales.

Le président américain n’a pas participé ces dernières semaines aux sommets avec les dirigeants de l’Asean (qui regroupe la plupart des pays de l’Asie du Sud-Est).

“Posture présidentielle”

Donald Trump a rejoint vendredi soir le sommet virtuel, apparaissant aux côtés d’autres dirigeants par liaison vidéo au moment où le Premier ministre malaisien, l’hôte de l’Apec cette année, prononçait son discours d’ouverture.

Selon une source au sein de l’organisation du sommet, M. Trump a refusé d’utiliser la toile de fond officielle, apparaissant sur fond beige, avec l’énorme bâtiment à dôme vert abritant le bureau du Premier ministre malaisien, contrairement aux autres dirigeants.

M. Trump s’est s’adressé aux dirigeants du Forum au cours d’une allocution fermée aux médias. L’actuel locataire de la Maison Blanche n’a pas participé aux réunions de l’Apec depuis 2017, ce qui a été perçu en Asie comme un signe de désintérêt

La Maison blanche a indiqué que M. Trump “a réaffirmé l’engagement des Etats-Unis à mettre à profit (son) rebond économique sans précédent après le Covid-19 et à promouvoir la paix et la prospérité dans la région indo-pacifique par une croissance économique forte”.

Le président américain, qui refuse de reconnaître sa défaite face au démocrate Joe Biden, cherche avec cette intervention à “se donner une posture +présidentielle+ sur la scène mondiale”, a estimé Oh Ei Sun, analyste de l’Institut de Singapour pour les Affaires internationales.

“Trump voudra, bien sûr, saisir cette opportunité pour se présenter comme un président en exercice et en tirer des bénéfices de politique intérieure”, a-t-il indiqué à l’AFP.

Il devrait aussi “mettre l’accent à nouveau sur le protectionnisme et le processus qui vise à empêcher la Chine de revendiquer le premier rôle dans le jeu du libre-échange”.

Ne pas répéter les erreurs

Depuis le scrutin du 3 novembre, Donald Trump n’a cessé d’affirmer, sans preuve, que l’élection présidentielle américaine et le décompte des voix sont entachés de fraude. Son équipe a lancé de multiples recours en justice tandis que ses soutiens tentent de faire pression sur les responsables locaux pour qu’ils ne certifient pas les comptages des voix.

Le président américain a adopté une ligne dure avec la Chine pendant son mandat, en imposant à la deuxième économie mondiale une série de surtaxes douanières et de barrières à son secteur technologique alors que l’administration de Joe Biden devrait avoir une position plus nuancée envers la Chine.

Ce sommet de l’Apec intervient moins d’une semaine après la signature du plus vaste accord de libre-échange au monde entre la Chine et 14 autres pays d’Asie-Pacifique.

Ce Partenariat régional économique global (RCEP), signé sans l’Inde ni les Etats-Unis, est perçu comme une victoire pour Pékin, à l’origine de l’initiative, et une preuve de l’influence chinoise grandissante sur les règles du commerce mondial.

Les signataires espèrent que cet accord aidera les économies essorées par le virus à se relever et plusieurs dirigeants de l’Apec ont mis en garde contre la tentation du protectionnisme.

“Nous devons faire du commerce et investir pour sortir du ralentissement économique actuel”, a déclaré le Premier ministre malaisien Muhyiddin Yassin dans son discours d’ouverture.

Les participants ont adopté à la fin du sommet une déclaration commune assurant de leur détermination à travailler ensemble pour que le monde se relève de la pandémie du coronavirus.

Une déclaration sans grand relief, mais qui constitue tout de même un progrès. Les précédentes réunions de l’Apec avaient été assombries par l’escalade des tensions commerciales entre Pékin et Washington. En 2018, lors du dernier sommet, les dirigeants du pourtour Pacifique avaient même échoué à se mettre d’accord sur une déclaration commune.

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