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Trump limoge le patron du FBI, Washington sous le choc

"Si j'ai apprécié que vous m'ayez informé, en trois occasions distinctes, que je ne faisais pas l'objet d'une enquête, je suis cependant d'accord avec l'analyse du ministère de la Justice selon lequel vous n'êtes pas capable de diriger de manière efficace le Bureau", écrit Donald Trump. KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW sda-ats

(Keystone-ATS) Le président des Etats-Unis Donald Trump a limogé mardi le patron du FBI James Comey. L’homme dirigeait l’enquête sur les liens éventuels entre son équipe de campagne et la Russie. Sous le choc, des élus évoquent le spectre du Watergate.

“Aujourd’hui marquera un nouveau départ pour l’agence-phare de notre appareil judiciaire”, a indiqué le président des Etats-Unis dans un communiqué. Dans un courrier à James Comey publié par l’exécutif, Donald Trump lui signifie qu’il met fin à ses fonctions “avec effet immédiat”.

La raison avancée par l’exécutif américain pour ce limogeage est la façon dont M. Comey a géré, au cours des mois écoulés, le dossier des emails de l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, rivale de M. Trump durant la campagne de 2016.

“Si j’ai apprécié que vous m’ayez informé, en trois occasions distinctes, que je ne faisais pas l’objet d’une enquête, je suis cependant d’accord avec l’analyse du ministère de la Justice selon lequel vous n’êtes pas capable de diriger de manière efficace le Bureau”, ajoute-t-il.

Fin octobre, James Comey avait bouleversé la campagne en révélant la relance des investigations dans l’enquête sur les emails d’Hillary Clinton.

“Grave erreur”

Ce limogeage surprise, et avec un seul précédent dans la longue histoire du FBI, a fait l’effet d’une bombe au Congrès. Une réaction, semble-t-il, sous-estimée par la Maison Blanche.

“Monsieur le Président, avec tout le respect que je vous dois, vous faites une grave erreur”, a déclaré le chef de file de l’opposition démocrate du Sénat, Chuck Schumer.

Lors d’une conférence de presse au Capitole, il a appelé à la nomination d’un magistrat indépendant pour prendre en main l’enquête russe, actuellement menée par le FBI. Il juge que les Américains sont en droit de soupçonner que ce limogeage était une tentative d'”étouffer” l’affaire.

“Bizarre”

Le limogeage “montre à quel point l’administration craint l’enquête sur la Russie”, a jugé Tim Kaine, ex-colistier d’Hillary Clinton. Il y voit la tendance croissante de l’administration à “cacher la vérité”.

Le sénateur démocrate Patrick Leahy a trouvé “absurde” la justification selon laquelle Hillary Clinton aurait été traitée avec partialité. “Ce n’est rien de moins que nixonien”, a-t-il tonné, dans une allusion à la décision de Richard Nixon de remercier en 1973 le magistrat indépendant Archibald Cox qui enquêtait sur le scandale du Watergate qui allait entraîner sa chute.

Plus inquiétant pour le locataire de la Maison Blanche, le malaise se répand également chez les républicains.

Le chef de la puissante commission du Renseignement du Sénat américain, Richard Burr, s’est déclaré “troublé” par le timing et les raisons avancées pour ce spectaculaire limogeage. Elu du Congrès et fidèle républicain, Justin Amash a qualifié la lettre présidentielle de “bizarre” et annoncé vouloir “créer une commission indépendante sur la Russie”.

Pour dix ans

Ancien vice-ministre de la Justice, James Comey a longtemps été encarté chez les républicains mais il avait été nommé par l’ancien président démocrate Barack Obama (2009-2017) à son poste actuel.

Personnage charismatique au style toujours impeccable, James Comey avait été nommé pour 10 ans en juillet 2013. Le Sénat avait confirmé ce choix de manière écrasante, avec 93 voix pour et une contre.

La recherche d’un nouveau directeur du FBI débute “immédiatement”, a précisé la Maison Blanche.

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