Des perspectives suisses en 10 langues

Turquie: rassemblement de soutien à un journaliste saoudien disparu

Présente au rassemblement, la militante yéménite Tawakkol Karman, prix Nobel de la paix en 2011, s'en est violemment prise aux autorités saoudiennes, estimant que M. Khashoggi "a été kidnappé dans ce repaire de gangsters qui est censé être un consulat". KEYSTONE/AP/EMRAH GUREL sda-ats

(Keystone-ATS) Une association arabo-turque de journalistes a appelé vendredi à la “libération” d’un éditorialiste saoudien porté disparu depuis mardi. Selon cette organisation, il est retenu au consulat saoudien à Istanbul, malgré les dénégations de Ryad.

Cet appel a été lancé lors d’un rassemblement organisé par la Maison des journalistes arabes en Turquie (TAM) devant le consulat saoudien. Jamal Khashoggi, rédacteur d’articles d’opinion pour le Washington Post notamment, n’a pas été vu depuis qu’il est entré au consulat de son pays mardi à la mi-journée.

“En tant que journalistes nous sommes préoccupés par le sort de Jamal. Nous ne savons pas s’il est en vie ou pas et les déclarations de l’Arabie saoudite à son sujet sont loin d’être satisfaisantes”, a déclaré la TAM dans un communiqué lu par son chef, Turan Kislakçi. Lors du rassemblement, les participants ont brandi des portraits du journaliste, barrés de la mention “Libérez Jamal Khashoggi”.

“Nous croyons que Jamal Khashoggi est ‘l’hôte’ du consulat et appelons à sa libération immédiate, ou à nous indiquer l’endroit où il se trouve”, a-t-il ajouté. Selon sa fiancée, une femme turque dénommée Hatice A., M. Khashoggi s’était rendu au consulat pour effectuer des démarches administratives en vue de leur mariage, mais n’en est jamais ressorti.

Versions contradictoires

Ankara et Ryad ont donné des versions contradictoires sur les circonstances de sa disparition. Ankara a estimé qu’il se trouvait toujours au consulat mais Ryad a affirmé que l’intéressé avait quitté les locaux de la mission diplomatique après y avoir effectué des démarches mardi.

M. Khashoggi s’est exilé aux Etats-Unis l’année dernière par crainte d’une arrestation, après avoir critiqué certaines décisions du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’intervention militaire de Ryad au Yémen.

Présente au rassemblement, la militante yéménite Tawakkol Karman, prix Nobel de la paix en 2011, s’en est violemment prise aux autorités saoudiennes, estimant que M. Khashoggi “a été kidnappé dans ce repaire de gangsters qui est censé être un consulat”.

L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé dans un communiqué Ankara “à approfondir les investigations” pour localiser M. Khashoggi, estimant que son éventuelle détention par les autorités saoudiennes constituerait un cas de “disparition forcée”.

“Si les autorités saoudiennes ont subrepticement détenu Khashoggi, cela marquera une nouvelle escalade dans le règne de répression menée par Mohammed ben Salmane contre les dissidents pacifiques et les critiques”, a déclaré dans le communiqué Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient à HRW.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision