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UE: la rectrice de l’UNIL souligne l’extrême importance des réseaux

Il faut pouvoir aller chercher des compétences ailleurs, estime la rectrice de l'UNIL Nouria Hernandez, inquiète d'une possible déconnexion de la Suisse à cause du rejet de l'accord-cadre avec l'UE (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Sans accord avec l’Union européenne, le monde académique suisse craint un impact plus profond que les seules questions financières. Perte de visibilité et d’attrait: les conséquences seraient sensibles durant des années, a affirmé Nouria Hernandez.

Formellement, les programmes de recherche ne sont pas liés à l’accord-cadre entre la Suisse et l’Union européenne (UE) que Berne a mis en consultation, a souligné la rectrice de l’Université de Lausanne. Nouria Hernandez s’exprimait mardi à l’invitation du Nomes Vaud (Nouveau mouvement européen).

Niveau “remarquable”

Toutefois, le monde académique serait “extrêmement surpris” si l’UE ne finissait pas par lier les différents dossiers, a relevé la responsable. Durant son intervention, elle a mis en exergue la qualité et les résultats obtenus par les universités suisses.

“C’est vraiment remarquable” si l’on consulte par exemple le classement de Shanghai. L’Université de Lausanne est une université cantonale avec 53% de son budget de 601 millions de francs (2017) couvert par l’Etat de Vaud. Et selon ce “ranking”, “nous sommes parmi les 150 meilleures au monde”, en progression constante, s’est félicitée Nouria Hernandez.

Des compétences ailleurs

Mais ce niveau n’est pas possible tout seul. “Le gisement national de matière grise n’est pas suffisant. Il faut avoir un grand bassin de recrutement”. A titre d’exemple, l’Université de Lausanne compte 44% d’enseignants étrangers, dont 75% issus de l’Europe. S’il y a de la compétition entre les instituts, il faut aussi de la collaboration et “pouvoir aller chercher les compétences ailleurs”.

Un chercheur de pointe “est prêt à aller n’importe où dans le monde. Ce qui est décisif pour lui, c’est de bénéficier des meilleures conditions de travail qui pourraient un jour lui permettre de gagner le prix Nobel. Sans le réseau européen, il va réfléchir à deux fois” avant de venir en Suisse, a expliqué la rectrice.

Effets retardés

S’il y avait une déconnexion vis-à-vis de l’UE, la Suisse pourrait essayer de compenser l’impact, mais les conséquences se situent au-delà de certains montants financiers. La perte d’attractivité serait forte. “C’est difficile de monter, c’est très facile de descendre (…) et les effets se feront sentir avec un certain décalage”, voire des années plus tard, a jugé la rectrice.

“Officiellement, il n’y a pas de plan B” si l’accord-cadre Suisse-UE était rejeté. Nouria Hernandez n’a pas caché la difficulté de sa position de rectrice dans un débat aussi politisé. Elle souhaite néanmoins que les universités suisses fassent clairement entendre leur point de vue.

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