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Ukraine: l’ex-premier ministre Ioulia Timochenko candidate à la présidentielle

Ioulia Timochenko a déjà été candidate à la présidentielle ukrainienne en 2010 et 2014. Keystone/AP/EFREM LUKATSKY sda-ats

(Keystone-ATS) L’ex-premier ministre Ioulia Timochenko, icône des révolutions ukrainiennes de 2004 et 2014, a annoncé mardi sa candidature à l’élection présidentielle du 31 mars. Selon les derniers sondages, elle est la favorite face au président sortant Petro Porochenko.

Devant des centaines de ses soutiens réunis à Kiev, Mme Timochenko, 58 ans, s’est engagée sans surprise dans la course à la présidence lors d’un meeting de son parti Batkivchtchina (Patrie). “Aujourd’hui nous entrons dans une nouvelle époque de succès, de bonheur et de prospérité […] Nous commençons la véritable marche en avant de l’Ukraine, vers sa grandeur”, a-t-elle lancé, reconnaissant par le passé avoir “fait des erreurs”.

“Peut-être que j’ai parfois tort, mais j’ai tort sincèrement”, a déclaré celle qui était devenue l’icône de la Révolution orange de 2004, à la suite de laquelle elle avait été nommée premier ministre. Dans une ambiance joyeuse, certains de ses partisans portaient mardi le drapeau bleu et jaune de l’Ukraine et d’autres brandissaient des pancartes sur lesquelles était inscrit “Crois en l’Ukraine!”, accompagné du coeur rouge symbolisant le parti.

L’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili a apporté son soutien à la candidate dans une vidéo diffusée lors du meeting. “Elle est une combattante infatigable pour l’Ukraine et les intérêts des Ukrainiens”, a affirmé celui qui fut un temps gouverneur de la région d’Odessa (sud) avant de se brouiller avec Petro Porochenko et d’être expulsé du pays début 2018.

Charisme et controverse

Autre soutien de marque: le premier président de l’Ukraine indépendante, Leonid Kravtchouk. Il a loué “une personnalité forte et puissante qui a connu beaucoup de procès sur son chemin”. Ioulia Timochenko, une ancienne femme d’affaires, est vue comme une personnalité charismatique mais aussi controversée en Ukraine.

Première ministre en 2005, puis de 2007 et 2010 sous la présidence du pro-occidental Viktor Iouchtchenko, elle a ensuite passé trois ans en prison de 2011 à 2014, sous la présidence du pro-russe Viktor Ianoukovitch, sur des accusations dénoncées comme politiques par ses soutiens et plusieurs pays occidentaux. Elle a été libérée à la faveur du soulèvement pro-européen du Maïdan en 2014.

Selon les plus récents sondages, M. Porochenko, qui n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, est devancé par Ioulia Timochenko, déjà candidate en 2010 et 2014. Elle bénéficie de 16% des intentions de vote des électeurs, contre 14% pour M. Porochenko.

La campagne électorale a officiellement ouvert le 31 décembre en Ukraine. Lundi, un premier candidat, le comédien Volodymyr Zelensky, a déposé officiellement sa candidature. Le premier tour aura lieu le 31 mars et un second sera organisé deux semaines plus tard si aucun candidat ne remporte plus de 50% des suffrages.

Pas assez contre la corruption

Vainqueur de l’élection de mai 2014 organisée dans le sillage d’un soulèvement pro-européen qui avait renversé le gouvernement de Viktor Inaoukovitch, M. Porochenko, 53 ans, avait promis d’ambitieuses réformes et un rapprochement avec l’Occident.

Près de cinq ans plus tard, sa popularité est en berne alors que ses critiques lui reprochent d’avoir fait très peu dans la lutte contre la corruption. Ils soulignent aussi que l’économie de cette ancienne république soviétique de 45 millions d’habitants reste très fragile.

Le mouvement du Maïdan avait été suivi par l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou, accusé ensuite de soutenir des séparatistes pro-russes dans le sud-est du pays. Ce conflit militaire, qui a fait plus de 10’000 morts, a fortement éprouvé l’économie ukrainienne, poussant M. Porochenko à demander l’aide du FMI.

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