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Un caïd réclame des millions au canton: verdict dans quelques jours

(Keystone-ATS) Condamné à 20 ans de prison en 1986, puis acquitté en 2004, un Français surnommé “le banquier de la drogue” a réclamé mercredi la restitution du pactole séquestré à l’époque, estimé à près de 20 millions de francs. Le Tribunal de police de Lausanne rendra son jugement par écrit dans quelques jours.

Ce Français de 67 ans ne s’est pas présenté à l’audience de mercredi. “Surpris par l’intérêt médiatique de cette affaire” et “ne souhaitant pas être remis sous le feu des projecteurs”, il a obtenu d’être dispensé de comparution, a expliqué son avocat.

Le Ministère public s’est opposé à la restitution des montants séquestrés. Le procureur Jean Treccani a souligné le “culot infini” du demandeur, dont la requête est, selon lui, “sans objet”.

Acquitté “par prescription”

L’homme, qui aurait blanchi des millions provenant d’un important trafic international d’héroïne, a été arrêté en octobre 1984. Il s’est évadé du Bois-Mermet en mai 1986, puis a été condamné quatre mois plus tard par défaut par le Tribunal criminel de Lausanne, pour infraction grave à la loi fédérale sur les stupéfiants.

Plusieurs comptes en banque qu’il avait ouvert sous de faux noms ainsi que des lingots d’or ont été confisqués par l’Etat, puis vendus pour un montant d’environ 8,5 millions de francs. En 2004, l’homme a été interpellé aux Etats-Unis et extradé en Suisse.

Obtenant le relief de son jugement, il a dû être acquitté, les faits étant prescrits. Aujourd’hui, il réclame la restitution du séquestre, pour un montant total qu’il estime, avec les intérêts, à plus de 20 millions de francs. Il a également engagé des poursuites contre l’Etat de Vaud au civil, pour un montant qui se chiffrerait à 35 millions de francs.

Messe est dite

Le Ministère public rejette ces prétentions. Le jugement prononcé en 2004 ne levait pas le séquestre, et l’homme n’a pas recouru.

Peu importe que ces comptes ne soient pas à son nom, a répliqué l’avocat du demandeur. L’argent séquestré doit être restitué à celui qui le possédait au moment du séquestre. L’Etat n’a “plus de motif valable de garder cet argent”, a-t-il ajouté. Le jugement sera notifié par écrit aux parties dans les jours qui viennent.

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