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Un cimetière d’arbres en plein Bogota contre la déforestation

Les défenseurs de l'environnement ont appelé le Parquet colombien à Bogota à enquêter sur les crimes commis contre l'Amazonie. KEYSTONE/EPA EFE/MAURICIO DUENAS CASTANEDA sda-ats

(Keystone-ATS) Souches, troncs, branches, feuilles… un “cimetière” d’arbres cernait mercredi le siège du Parquet colombien à Bogota. Une manière pour les défenseurs de l’environnement de dénoncer la déforestation de l’Amazonie, qui a perdu en 2017 l’équivalent de Hong Kong.

L’organisation Avaaz, fondée aux Etats-Unis en 2007, a saisi le Bureau des droits de l’homme du Parquet colombien de quatre activités criminelles menaçant la forêt amazonienne qualifiée de “poumon du monde”.

“Nous demandons au Parquet d’enquêter sur les groupes criminels responsables de la déforestation qui est en train de dévaster l’Amazonie. Ceux qui abattent les arbres ne sont pas des petits paysans, ni des habitants, mais des groupes organisés”, a déclaré à l’AFP Ana Sofia Suarez, la coordinatrice des campagnes d’Avaaz.

La plainte déposée auprès du Parquet vise l’invasion de zones d’intérêt écologique, l’atteinte aux ressources naturelles, la pollution de l’environnement et l’appropriation illicite de ressources naturelles renouvelables.

Plus d’un million de personnes de divers pays ont signé une pétition appelant le gouvernement colombien à protéger la forêt amazonienne et diffusée sur internet à l’initiative d’Avaaz, a ajouté Mme Suarez.

Importante biodiversité

“Les engagements de la Colombie dans l’Accord de Paris (…) risquent de rester lettre morte si le nouveau gouvernement n’agit pas dès maintenant”, a-t-elle estimé, citée dans un communiqué. Mme Suarez a précisé que si la tendance actuelle au déboisement n’était pas enrayée dans cette région, le Parc national Chiribiquete, déclaré Patrimoine de l’Humanité en juillet dernier par l’Unesco, serait “en grave danger”.

Avec une superficie de 2,7 millions d’hectares, dans les départements du Guaviare et du Caqueta (sud), le plus grand parc naturel de Colombie compte l’une des plus importantes biodiversités de la planète et des sites sacrés pour les indigènes, dont des milliers de peintures rupestres datant de plus de 12’000 ans.

La Colombie, le deuxième pays du monde après le Brésil pour l’importance de sa biodiversité, s’est engagée à éradiquer la déforestation en Amazonie d’ici à 2020. Mais en 2017, elle a perdu 219’973 hectares de forêts, soit l’équivalent aussi du Luxembourg.

Elevage extensif

Entre 2016 et 2017, 144’147 ha de forêt amazonienne ont disparu, ce qui représente 65% de la déforestation opérée dans tout le pays, selon l’Institut d’hydrologie, de météorologie et d’études environnementales (Ideam).

L’Ideam en attribue la responsabilité notamment à l’élevage extensif, aux infrastructures routières, aux plantations illégales pour le trafic de drogue, à l’exploitation illicite du bois et à l’extraction minière clandestine.

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