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Un entrepreneur veut neutraliser la loi anti-burqa du Tessin

(Keystone-ATS) La loi anti-burqa adoptée au Tessin en novembre risque de rester sans effet avant même d’entrer en vigueur. L’entrepreneur algérien Rachid Nekkaz a annoncé jeudi qu’il paierait toutes les amendes.

“Je vais payer toutes les contraventions afin de neutraliser la loi”. C’est par ses mots que Rachid Nekkaz a confirmé jeudi sur la la Piazza Grande de Locarno ce qu’il avait annoncé fin novembre à la radio. Le chef d’entreprise souhaite ainsi protéger le droit de pratiquer librement la religion.

Il s’est exprimé lors de la conférence de presse du Conseil central islamique suisse (CCIS) en compagnie de Nora Illi, responsable de la condition féminine au CCIS, qui portait un niqab, voile couvrant tout le visage sauf les yeux.

Cette dernière a mis en garde contre une application nationale de la loi tessinoise, qui n’est pas encore entrée en vigueur dans le canton latin. Sous l’impulsion de Walter Wobmann (UDC/SO), des politiciens avaient présenté fin septembre aux médias une initiative populaire sur l’interdiction du voile à l’échelle suisse. Mme Illi souhaite vivre sa religion librement, pouvoir continuer à venir en vacances au Tessin et “manger une glace sur la Piazza Grande”.

Mille amendes payées en France

La loi adoptée par le Grand Conseil tessinois prévoit que les femmes vêtues d’une burqa, voile couvrant tout le corps, ou d’un voile intégral pour le visage, encourent des amendes allant de 100 à 10’000 francs.

Dans le cas d’une sanction de 10’000 francs, Rachid Nekkaz compte faire recours et aller jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg. Son objectif est que la Suisse se fasse condamner pour “peine excessive”.

Après l’entrée en vigueur de l’interdiction de la burqa en France (2010), M. Nekkaz avait créé un fonds de plusieurs millions d’euros dans le cadre de la protection de la liberté et de la neutralité religieuse de l’Etat. Il a entretemps payé plus de mille amendes dans l’Hexagone, a-t-il déclaré jeudi.

L’entrepreneur se dit cependant contre le port du voile, via une citation attribuée au philosophe français Voltaire. “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire”.

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