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Un fonds spéculatif américain entre au capital de Nestlé

Le nouveau patron de Nestlé, Mark Schneider, subit une pression supplémentaire avec l'entrée dans le capital du groupe alimentaire du fonds spéculatif Third Point (archives). KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Le fonds spéculatif Third Point a pris une participation de 3,5 milliards de dollars (3,4 milliards de francs) dans Nestlé. La société américaine exige de la multinationale vaudoise une série de mesures, dont la vente de sa participation dans L’Oréal.

Third Point a annoncé l’opération dimanche dans une lettre à ses investisseurs. Propriété de Daniel Loeb, le fonds s’en est déjà pris ces dernières années au groupe japonais Sony et à l’américain Yahoo. Cette participation, qui représente plus de 1% du capital du groupe alimentaire vaudois, est la plus importante jamais atteinte par la société d’investissement.

L’opération a convaincu les marchés. A la Bourse suisse, l’action Nestlé a ouvert en nette hausse, affichant un gain de 3,71% vers 9h30, à 85,15 francs. Dans un SMI prenant 0,81% au même moment. A la Bourse de Paris, L’Oréal gagnait 3,06%.

Dans sa lettre, le fonds se montre favorable à une vente de la participation de 23% détenue par Nestlé dans le groupe de cosmétiques français L’Oréal. Cette participation, qu’il considère non stratégique, a une valeur d’environ 25 milliards de dollars, ce qui correspond à environ 10% de la capitalisation boursière de Nestlé actuellement.

Nestlé a acquis 29% de L’Oréal en 1974, alors que la société veveysane valait dix fois plus que la française. Il a revendu en 2014 6% des parts après l’arrivée à échéance du droit de préemption réciproque.

Marges à améliorer

Third Point invite aussi le géant veveysan à améliorer ses marges et à lancer un programme de rachat d’actions. Le fonds, qui possède environ 40 millions de titres et d’options dans Nestlé, estime que le titre a sous-performé par rapport à ses principaux concurrents américains et européens en matière de rendement pour les actionnaires et ce sur une base de trois ans, cinq ans et dix ans.

Il reproche également l’absence de croissance du bénéfice par action sur les cinq dernières années. Des discussions productives ont déjà eu lieu entre l’investisseur et la direction de Nestlé, poursuit la lettre.

Dans une note, UBS estime que la nouvelle met sous pression le nouveau directeur général Mark Schneider pour accélérer les mesures de création de valeur. L’établissement estime que le titre reste néanmoins sous-évalué et le recommande à l’achat.

Analystes rassurés

En ligne avec Daniel Loeb, les analystes considèrent que le rééquilibrage du portefeuille est une des pistes pour y arriver. Ils s’interrogent sur la pertinence des activités de confiserie dans la stratégie de Nestlé axée sur la nutrition, la santé et le bien-être et approuvent la réorientation annoncée il y a deux semaines du segment confiserie aux Etats-Unis.

La réduction des coûts et la stratégie financière sont également deux autres pistes de création de valeur à prendre en compte. Les analystes estiment en effet que la vente de la participation dans L’Oréal offrirait une possibilité pour un programme de rachat d’actions de 10 milliards de francs.

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