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Un fruit artificiel pour lutter contre le gaspillage

Le capteur prend la forme et la taille du fruit respectif, ainsi que sa composition "simulée". Il peut être emballé et expédié avec les autres fruits. Empa sda-ats

(Keystone-ATS) Un espion pour éviter le gaspillage de fruits? Des chercheurs de l’Empa ont développé un capteur pouvant mesurer avec précision l’évolution de la température dans le conteneur les transportant. But: éviter que des chargements entiers soient détruits.

Les États-Unis et la Chine se montrent très stricts lorsqu’ils importent des fruits et légumes. Si le chargement n’a pas été entreposé trois semaines à une température minimale déterminée, il est interdit à la vente dans le pays, explique le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa).

“Jusqu’à ce que des mangues, bananes ou oranges se trouvent dans nos magasins, ils ont souvent déjà parcouru un long trajet. Ils sont cueillis, emballés, refroidis, placés dans des conteneurs de refroidissement, expédiés par bateau, entreposés”, énumère mercredi l’Empa dans un communiqué.

Résultat: pas toutes les marchandises ne parviennent à leur destination en bon état. Bien que les fruits soient régulièrement examinés, certains d’entre eux sont endommagés ou pourrissent durant le voyage. La surveillance doit donc être améliorée.

Un “faux fruit” espion

Pour ce faire, les scientifiques proposent d’utiliser un capteur. Il prend la forme et la taille du fruit respectif, ainsi que sa composition “simulée” et peut être emballé et expédié avec les autres fruits, précise l’Empa.

Les capteurs actuels mesurent déjà la température de l’air dans le conteneur de fret. Mais la température “pertinente” pour la qualité du fruit est celle du noyau. Or la méthode pour la mesurer est trop invasive, car il faut enfoncer une sonde.

Plutôt que de prendre la température de cette manière, les scientifiques proposent d’utiliser leur fruit artificiel. Une fois ce capteur arrivé à destination, ses données peuvent être facilement analysées.

Moins de 50 francs

Ainsi, si un chargement devait ne pas répondre aux exigences de qualité, cet espion permettrait de déterminer à quel niveau de la chaîne de stockage et de transport une erreur a été commise.

Le refroidissement sert à la préservation de la fraîcheur et de la qualité, mais il permet également d’éradiquer les larves, notamment de mites, éventuellement présentes dans les fruits, rappelle l’Empa. “Il est donc indispensable de prouver que le refroidissement soit effectivement parvenu à tous les fruits du chargement entier pendant la durée requise”.

Des tests sont actuellement en cours chez Agroscope à Wädenswil (ZH). Les chercheurs tentent à présent de trouver d’éventuels partenaires industriels, écrit l’Empa. Les coûts d’un tel capteur s’élèveraient à moins de 50 francs.

Connexion wifi

D’après l’Empa, l’idéal serait de pouvoir consulter les données du conteneur “en direct et en temps réel”. Cela permettrait de remédier suffisamment tôt à un éventuel problème “et de sauver ainsi la cargaison de fruits”.

Une connexion wifi ou Bluetooth serait toutefois nécessaire pour cela. “Notre capteur de fruits en est actuellement incapable. Cela ferait évidemment monter le prix du produit”, admet le responsable projet Thijs Defraeye de la division Multiscale Studies in Building Physics.

Mais le bénéfice pour les entreprises augmenterait en conséquence. Elles seraient capables de livrer davantage de marchandises impeccables à l’aide des capteurs de fruits.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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