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Un nouveau rapport pointe du doigt l’agriculture

(Keystone-ATS) Un nouveau rapport sur les micropolluants d’origine diffuse dans les cours d’eau pointe du doigt l’agriculture. Lors d’épisodes de pluie, insecticides, herbicides et fongicides d’origine agricole peuvent atteindre des pics de concentration élevés.

Les micropolluants que sont les produits phytosanitaires, les biocides, les composants de produits cosmétiques, les détergents et les médicaments peuvent nuire aux organismes aquatiques, même en quantité infime, a indiqué mercredi l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

De grandes quantités de ces micropolluants arrivent continuellement dans les eaux par les stations d’épuration (STEP). A partir de 2016, une centaine d’entre elles devraient être équipées d’une étape de traitement supplémentaire afin de réduire cette charge de moitié. Il s’agit de STEP situées à proximité d’eaux utilisées comme eau potable et de cours d’eau charriant un grand volume d’eaux usées.

Par ailleurs, une étude de l’OFEV s’est penchée pour la première fois sur les micropolluants qui parviennent dans les eaux non pas par les STEP, mais à partir de diverses autres sources. Ces apports diffus sont principalement issus de l’agriculture, des zones urbanisées – via les déversoirs d’orages et les évacuations des eaux pluviales – et du trafic routier.

Concentrations critiques fréquentes

Ces apports diffus sont d’amplitude très variable. Ils surviennent le plus souvent durant des épisodes de pluie. Les micropolluants atteignent alors des pics de concentration élevés, en particulier dans les petits et moyens cours d’eau situés dans des zones d’utilisation intensive du sol.

Or les petits cours d’eau représentent environ 75% du réseau hydrographique suisse et jouent un rôle écologique important. La charge en micropolluants d’apports diffus est, dans de nombreux cours d’eau, si élevée qu’elle peut se révéler toxique pour certains organismes aquatiques, réduisant la biodiversité.

L’étude a permis d’identifier les principales sources de micropolluants: il s’agit surtout de l’agriculture et, dans une moindre mesure, des zones urbaines. Les substances les plus significatives sont les produits phytosanitaires (insecticides, herbicides et fongicides), quelques biocides (d’origine agricole ou urbaine) ainsi que le cuivre et le zinc, des métaux lourds.

Diminuer la pollution à la source

Le rapport conclut à la nécessité de réorienter la surveillance de l’état des eaux et de soumettre davantage les petits cours d’eau à des études approfondies. Afin de diminuer sensiblement la pollution des eaux, des mesures doivent être prises à la source, en particulier dans l’agriculture.

Sous la conduite de l’Office fédéral de l’agriculture, un plan d’action sur la réduction des risques et l’utilisation durable des produits phytosanitaires est en cours d’élaboration. Sa mise en œuvre devrait concourir à réduire considérablement les apports de produits phytosanitaires provenant de l’agriculture, conclut l’OFEV.

Des études menées dans le cadre du projet “Nawa Spez” d’observation nationale de la qualité des eaux de surface avaient déjà montré ces deux dernières années que les rivières suisses sont polluées par différents produits phytosanitaires. La charge en insecticides et en fongicides en particulier était sous-estimée.

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