Des perspectives suisses en 10 langues

Un riche Algérien paiera les amendes des musulmanes à St-Gall en lien avec la loi anti-burqa

Depuis 2010, Rachid Nekkaz a payé au total 1553 amendes dans six pays européens, dont la Suisse, pour un montant de 318'000 euros (plus de 360'000 francs). KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER sda-ats

(Keystone-ATS) L’homme d’affaires et activiste politique algérien Rachid Nekkaz s’est rendu mercredi à St-Gall avec une femme en burqa. Il paiera les amendes des musulmanes en lien avec la nouvelle loi cantonale interdisant de se dissimuler le visage dans l’espace public.

Toute femme devrait avoir le droit, sur la base de la liberté religieuse, de se voiler le visage, a estimé Rachid Nekkaz devant l’Hôtel de Ville de St-Gall. Les autorités devraient respecter cette liberté.

L’homme d’affaires a déjà sorti son porte-monnaie pour quatre amendes au Tessin, le premier canton avant St-Gall à avoir interdit la burqa, en 2016. Depuis 2010, Rachid Nekkaz a dit avoir payé au total 1553 amendes dans six pays européens, dont la Suisse, pour un montant de 318’000 euros (plus de 360’000 francs).

L’entrepreneur s’était déjà illustré le jour de l’entrée en vigueur de la loi anti-burqa au Tessin. Il était alors à Locarno en compagnie de la Suissesse convertie à l’islam Nora Illi. Celui qui paie également les amendes des militants algériens des droits de l’homme se dit pourtant contre la burqa, mais il défend la liberté vestimentaire.

Après le Tessin

Le 23 septembre dernier, les citoyens st-gallois ont approuvé, à deux contre un, une loi cantonale rendant punissable toute personne se dissimulant le visage dans l’espace public, pour autant que cela menace la sécurité. L’UDC et le PDC soutenaient la loi. Le PLR et la gauche la combattaient.

Le Conseil d’Etat s’est opposé au texte, faisant valoir en vain qu’une telle interdiction touchait à des droits fondamentaux sans qu’il n’y ait pour autant un intérêt public. Les opposants dénonçaient par ailleurs une loi inutile, puisqu’il n’y a pratiquement pas de femmes portant la burqa à St-Gall.

Au Tessin, les cas de femmes en burqa mises à l’amende se comptent sur les doigts de la main, selon un bilan paru cet été. Les premiers touchés par cette loi sont les fans de football.

Vote à venir au plan fédéral

Le thème est aussi d’actualité à l’échelle nationale. L’initiative “Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage”, lancée par le Comité d’Egerkingen, a formellement abouti en octobre dernier. Le texte anti-burqa prévoit que personne ne devrait avoir le droit de dissimuler son visage dans l’espace public en Suisse.

Le Conseil fédéral s’oppose à une interdiction de la burqa au niveau fédéral et rejette cette initiative. Celle-ci s’attaque à une pratique qui reste marginale et empiète sur l’autonomie des cantons, selon le gouvernement.

En juin, ce dernier a mis en consultation un projet plus souple. Il entend punir celui qui contraint une femme à se dissimuler le visage, tout en renforçant l’obligation d’enlever son voile dans certaines situations, comme lorsqu’une identification visuelle est nécessaire.

Les cantons désireux d’aller plus loin seraient autorisés à le faire. L’initiative et le contre-projet pourraient passer en votation en 2019. Sur le plan cantonal, Zurich, Soleure ou Glaris ont refusé une telle interdiction.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision