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Un sympathisant de l’extrême droite tire sur des étrangers en Italie

Cinq hommes et une femme ont été blessés lors de la fusillade. KEYSTONE/EPA ANSA/GUIDO PICCHIO sda-ats

(Keystone-ATS) Une fusillade déclenchée par un jeune Italien sympathisant de l’extrême droite a fait samedi six blessés, à Macerata, dans le centre de l’Italie. Tous les blessés sont des étrangers. Le ministre italien de l’Intérieur y voit l’empreinte d’une “évidente haine raciale”.

Un jeune homme au crâne rasé a vidé deux chargeurs avec un pistolet, alors qu’il circulait seul en voiture en plein coeur de Macerata, selon des éléments de l’enquête révélés par la presse. Il aurait clamé “L’Italie aux Italiens” aux policiers, selon l’agence de presse Agi.

Le ministre de l’Intérieur Marco Minniti a jugé que la fusillade était marquée par une culture “d’extrémisme de droite avec des références claires au fascisme et au nazisme”, après une réunion samedi soir avec les forces de l’ordre locales. Le seul lien entre les victimes est “la couleur de leur peau”, a-t-il assuré, en décrivant “une initiative criminelle à caractère individuel, certainement préparée à l’avance”.

Le maire de Macerata, Romano Carancini, avait imposé un couvre-feu pendant la fusillade, qui a semé durant deux heures la panique dans plusieurs rues du centre de cette ville de 43’000 habitants de la région des Marches, située à 30 km des côtes de l’Adriatique.

Salut fasciste

Les six blessés, cinq hommes et une femme, sont originaires du Mali, du Ghana et du Nigeria, selon l’agence de presse Agi. Un jeune homme a été grièvement blessé au thorax, les cinq autres victimes ayant des lésions moins sérieuses, selon les médias.

Un homme d’origine nigériane, touché à la cuisse dans la rue alors qu’il allait acheter des cigarettes, a raconté depuis son lit d’hôpital avoir vu un tireur au volant en train de le viser. Des bureaux du Parti démocrate (centre-gauche, au pouvoir) ont aussi été visés par les tirs.

Le tireur a été arrêté peu avant 13h00 sur les marches de l’immense monument aux morts de Macerata, après être descendu de sa voiture à bord de laquelle la police a retrouvé un pistolet. Le jeune homme a eu le temps de s’envelopper dans le drapeau tricolore de l’Italie, avant de tendre le bras pour faire un salut fasciste, a précisé la presse italienne sur la base de témoignages.

Eviter la récupération politique

“Quelqu’un qui tire est un délinquant, abstraction faite de la couleur de la peau”, a réagi le patron de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, en pleine campagne électorale en vue des législatives du 4 mars, avant de dénoncer l'”invasion” migratoire en Italie. “J’ai hâte d’arriver au gouvernement pour ramener dans toute l’Italie la sécurité, la justice sociale et la sérénité.”

“La haine et la violence ne nous diviseront pas”, a de son côté assuré le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni. Il a appelé au calme et à s’abstenir de toute récupération politique à un mois du scrutin.

“Il me semble qu’il s’agit du geste d’un déséquilibré, qui mérite la plus ferme condamnation, mais qui ne peut être considéré comme ayant une connotation politique claire”, a jugé Silvio Berlusconi, dont le parti de droite Forza Italia est allié à la Ligue de Matteo Salvini.

Opération punitive pas exclue

Chasse raciste aux immigrés ou opération punitive? La police n’a pour l’instant fait “aucun lien direct” entre le tueur et un sordide fait divers amplement couvert depuis deux jours par les médias.

Un Nigérian demandeur d’asile et dealer de drogue a été arrêté cette semaine dans cette même ville de Macerata. Il est soupçonné de l’assassinat d’une Italienne de 18 ans, dont le corps a été retrouvé mercredi découpé en morceaux dans des valises.

La police a notamment découvert vendredi au domicile de ce Nigérian de 29 ans des vêtements de la victime et un couteau avec des traces de sang. La jeune femme assassinée s’était échappée lundi d’un centre de désintoxication situé à Corridonia.

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