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Un vice-ministre bolivien assassiné par des mineurs

Les affrontements entre la police et les mineurs ont fait plusieurs morts chez les manifestants KEYSTONE/EPA EFE/MARTIN ALIPAZ sda-ats

(Keystone-ATS) Le gouvernement bolivien a décrété vendredi un deuil national de trois jours après l’assassinat du ministre adjoint de l’intérieur Rodolfo Illanes. Il a été séquestré puis battu à mort par des mineurs qui protestaient contre la réforme du droit du travail.

Le président Evo Morales a fait part vendredi de son “profond rejet des actes commis ces derniers jours” et de la “douleur profonde ressentie par le peuple bolivien” après cet assassinat. Il l’a qualifié de “conspiration politique” lors d’une conférence de presse.

Le vice-ministre se rendait sur un important axe routier à Panduro, un village de haute altitude situé à environ 200 km au sud-est de la capitale La Paz.

Il venait négocier avec les mineurs qui bloquaient depuis plusieurs jours des routes afin de marquer leur opposition à une récente réforme du droit du travail. Quelques heures après sa mort, ces derniers ont levé les blocages routiers.

“Battu à mort”

M. Illanes “était persuadé que la rencontre avec certains représentants de mineurs permettrait d’instaurer un dialogue avec le gouvernement (…) mais il a été intercepté par des mineurs et emmené sur une colline”, a précisé le ministre de l’Intérieur Carlos Romero, évoquant un “acte criminel sans précédent”.

Le vice-ministre a été “humilié, torturé et battu à mort”, a détaillé le ministre de la Défense Reymi Ferreira. Son garde du corps, dépouillé de son arme, est parvenu à prendre la fuite et a été hospitalisé à La Paz.

Une centaine d’arrestations

“Nous essayons dans un premier temps de récupérer le corps de M. Illanes par la voie du dialogue”, a annoncé M. Ferreira, démentant avoir envoyé des militaires pour ce faire.

Le ministre de la Défense a ajouté que “100 à 120 personnes ont été arrêtées” et “les meneurs ont été identifiés”. “Cet acte ne restera pas impuni, il y aura des sanctions pénales”, a averti M. Ferreira.

Conflit récurrent

Les manifestations de mineurs réclamant des changements législatifs ont causé plusieurs blocages routiers cette semaine. Des échauffourées opposant les forces de l’ordre et les manifestants ont eu lieu ces trois derniers jours. Une vingtaine de policiers ont été blessés et plusieurs mineurs tués.

Entre le gouvernement et les exploitations minières, le conflit est récurrent. Les mineurs réclament l’octroi de nouvelles concessions minières et un assouplissement des règles environnementales ainsi que le droit de se réunir en syndicats.

Selon le ministre de l’Intérieur Carlos Romero, ils cherchent en réalité à recevoir l’autorisation de louer leurs concessions minières à des entreprises privées et étrangères, ce qui est interdit par la Constitution.

Travail dans des coopératives

La majorité des mineurs de Bolivie, l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud, travaillent dans des coopératives, pour le compte desquelles ils extraient de l’argent, de l’étain ou du zinc.

Evo Morales a nationalisé le secteur des ressources naturelles, et notamment le gaz naturel qui fournit au pays la moitié de ses exportations, après son accession au pouvoir en 2006.

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