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Une équipe suisse perce le mystère de la tolérance au VIH

(Keystone-ATS) Chez certaines personnes infectées par le virus du sida VIH, le système immunitaire ne combat pas l’intrus: le corps le tolère. Une équipe suisse de chercheurs vient de montrer les différences de tolérance d’une personne à l’autre et quels facteurs la déterminent.

Quand un organisme est attaqué par des agents pathogènes, soit il les rejette, soit il apprend à vivre avec. La première réaction est appelée résistance, la seconde tolérance. Un bon exemple de tolérance sont les singes Mangabey, des primates vivant en Afrique. Certains peuvent être infectés par le virus VIS, similaire au VIH, sans être malades.

Inspiré par ce phénomène, le biologiste Roland Regös de l’EPF de Zurich a lancé une étude sur la tolérance chez les patients touchés par le VIH, qui a paru dans la revue spécialisée “PLOS Biology”. Pour la réaliser, les chercheurs ont analysé les statistiques de 3000 patients de la cohorte suisse VIH, qui suit scientifiquement depuis 1988 des personnes infectées en Suisse.

Tolérance moindre avec l’âge

Ils ont constaté que le seuil de tolérance est différent d’un individu à l’autre. L’âge joue un rôle: chez les sexagénaires, la maladie progresse presque deux fois plus vite que chez les personnes de 20 ans. Selon les chercheurs, ceci est probablement dû au fait que le thymus, organe lymphoïde, produit davantage de cellules immunitaires chez les jeunes.

Aucune différence n’a été détectée entre les hommes et les femmes. Par contre, certains gènes contribuent à des différences de tolérance. Il est apparu que les gènes aidant à combattre le virus (donc à la résistance) ne contribuent pas à la tolérance.

Dans les deux cas, un seul gène est impliqué: le gène HLA-B produit une protéine de reconnaissance des germes infectieux. Il fait partie de la défense immunitaire contre le VIH, soit la résistance. Différentes variantes du gène déclenchent la résistance ou la tolérance.

Amoindrir les effets négatifs

Ces résultats pourraient servir de futures pistes thérapeutiques, pensent les chercheurs. D’une part, résistance et tolérance ne semblent pas s’exclure. D’autre part, lors de thérapies visant à la tolérance, on peut tabler sur des adaptations moindres du virus, qui pourraient en fin de compte conduire à la formation de résistances.

Plutôt que la destruction de l’adversaire, ces pistes viseraient à amoindrir les effets négatifs d’une infection. Tandis que le virus doit sans cesse développer des stratégies nouvelles face à la défense immunitaire ou les médicaments, la tolérance représente une sorte de cessez-le-feu, explique Roland Regös dans un communiqué de l’EPFZ.

Cette trêve est aussi dans l’intérêt de l’agent pathogène. “A long terme, elle pourrait être utilisée pour des thérapies”, conclut le chercheur.

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