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Une athlète olympique, réfugiée syrienne, faite ambassadrice du HCR

Nouvelle ambassadrice de bonne volonté du HCR, Yusra Mardini ne sait pas encore ce qu'elle accomplira dans les prochaines années. Mais "les réfugiés feront partie de tout ce que je ferai", dit-elle. KEYSTONE/EPA KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) L’athlète olympique et réfugiée syrienne Yusra Mardini, qui avait sauvé vingt personnes en tirant un bateau à la nage, rejoint la famille du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). L’agence onusienne l’a nommée jeudi à Genève ambassadrice de bonne volonté.

La Syrienne, âgée de 19 ans, s’est dite “très fière”. Devant la presse, elle a dit vouloir sensibiliser l’opinion publique mondiale sur les jeunes réfugiés qui “ont expérimenté l’horreur” et ont le sentiment “d’avoir vécu déjà 100 ans”. “Nous avons besoin d’abris sûrs, d’accès à l’éducation et de la possibilité et du droit de travailler”, a-t-elle affirmé.

“C’est un grand jour pour le HCR, c’est un grand jour pour les réfugiés”, a estimé de son côté la Haut Commissaire adjointe Kelly Clements. Elle a salué la “persévérance” de la Syrienne qui devient la plus jeune ambassadrice de l’agence onusienne.

Avec sa soeur, Yusra Mardini avait nagé pendant des heures en tirant leur bateau de réfugiés tombé en panne entre la Turquie et l’île grecque de Lesbos. Vingt autres personnes étaient à bord.

Elle avait ensuite fait partie de la première délégation de réfugiés à des Jeux Olympiques à Rio de Janeiro en 2016. Elle a depuis collaboré avec le HCR et notamment rencontré le pape François ou l’ancien président américain Barack Obama alors qu’il était encore au pouvoir.

“Pas de honte à être un réfugié”

Yusra Mardini s’est aussi exprimée devant l’Assemblée générale de l’ONU et d’autres réunions importantes. “Il n’y a pas de honte à être un réfugié”, a-t-elle notamment affirmé récemment. Et d’ajouter que ceux qui fuient les conflits restent des médecins, des ingénieurs ou encore des avocats.

“Les réfugiés sont des êtres humains” comme les autres, dit-elle aussi régulièrement devant de petites organisations en Allemagne, où elle étudie. Un pays qu’elle remercie d’avoir décidé “vraiment rapidement” d’accueillir des réfugiés.

“Yusra est une source d’inspiration” et représente “plus de dix millions de jeunes réfugiés dans le monde”, affirme le Haut Commissaire Filippo Grandi. La nageuse souhaite participer aux Jeux de Tokyo en 2020.

Celle qui s’est déclarée “moitié syrienne, moitié allemande” devrait accorder au Japon sa première visite comme ambassadrice de bonne volonté. Elle souhaite qu’une délégation de réfugiés soit reconduite aux Jeux de Tokyo. Même si le jour où une telle représentation ne sera plus indispensable signifiera qu”‘il n’y a plus de réfugiés dans le monde”.

Yusra Mardini veut retourner en Syrie pour partager son expérience et tenter d’impacter la situation “dès que possible” et dès qu’elle “sera autorisée à y entrer”. Elle n’exclut pas pour autant de rester en Allemagne à l’avenir pour travailler. Elle ne sait pas encore ce qu’elle accomplira dans les prochaines années. Mais “les réfugiés feront partie de tout ce que je ferai”, dit-elle.

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