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Une femme élue pour la première fois gouverneur de Tokyo

Yuriko Koike marque une petite pause peu après l'annonce de sa victoire. KEYSTONE/EPA/KIYOSHI OTA sda-ats

(Keystone-ATS) Pour la première fois, une femme, Yuriko Koike, a été élue dimanche gouverneur de Tokyo. Elle aura pour principale tâche de superviser la préparation des jeux Olympiques de 2020.

Elue pour quatre ans, cette politicienne expérimentéede 64 ans a été ministre de l’environnement puis de la défense. Elle parle couramment l’anglais et l’arabe.

“Je dirigerai Tokyo d’une manière inédite, ce sera un Tokyo que vous n’avez jamais vu”, a-t-elle déclaré d’une voix cassée par deux semaines de campagne. “J’ai appelé à un Tokyo où chacun peut briller, des enfants aux personnes âgées et aux handicapés, afin que la vie de tous devienne meilleure”, a-t-elle dit.

Son mandat doit en théorie s’achever juste après l’ouverture des jeux de 2020. Ils se dérouleront plus de 50 ans après les précédents jeux d’été de Tokyo en 1964.

Couacs dans la préparation des JO

Les préparatifs ont déjà connu plusieurs couacs embarrassants: le choix de la ville de Tokyo est entaché de soupçons de corruption sur lesquels enquête la justice française, le premier projet de stade devenu trop onéreux a été annulé après des semaines de polémique et le logo initial, accusé de plagiat, a été retiré.

Les médias japonais évoquent un possible doublement ou même triplement du coût des JO par rapport à un montant initial de 730 milliards de yens (6,40 milliards d’euros au cours actuel). “Je voudrais revoir les bases du budget, afin que les habitants de Tokyo voient clairement ce qu’ils vont devoir payer”, a-t-elle déclaré.

Mme Koike devra aussi gérer une économie de la taille de celle de l’Indonésie. Il lui faudra s’attaquer au lancinant problème du manque de crèches et continuer de préparer l’immense agglomération de 13,6 millions d’habitants à un possible tremblement de terre majeur.

Kadhafi et Arafat

Ancienne présentatrice de télévision, Yuriko Koike a obtenu un diplôme de sociologie de l’Université du Caire en 1976 et a travaillé dans sa jeunesse comme interprète en arabe. En 1978, elle a interviewé le dictateur libyen Mouammar Kadhafi et le chef palestinien Yasser Arafat pour une chaîne de télévision japonaise.

Devenue très connue en tant que présentatrice, Yuriko Koike est entrée en politique en 1992. Ministre de l’environnement de 2003 à 2006, elle a mené la campagne antiréchauffement climatique baptisée “Cool Biz” qui encouragait fonctionnaires et “salarymen” à retirer la cravate et tomber la veste au lieu de forcer sur la climatisation pendant les étés japonais étouffants et humides.

Communicatrice avisée, elle avait organisé un défilé de mode et parcouru les allées elle-même pour promouvoir cette campagne.

Manque de soutien

Mme Koike est devenue la première femme ministre de la Défense du Japon en 2007, mais avait dû s’éclipser au bout de moins de deux mois, en raison d’un scandale auquel elle n’était pas mêlée. Le ministère était alors aux prises avec une affaire de fuites d’informations sensibles et il était empêtré dans des luttes intestines.

Elle avait été un temps perçue comme une étoile montante du Parti libéral démocrate, aux commandes dans l’archipel de façon quasi ininterrompue depuis 1955, et comme possible première femme Premier ministre de ce pays. Mais elle n’avait eu qu’un soutien tiède au sein du Parti où beaucoup n’ont pas oublié qu’elle n’y est entrée qu’en 2002, après avoir changé de nombreuses fois de formation politique.

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