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Une invasion de vélos jaunes à louer suscite un débat houleux outre-Sarine

Le système fonctionne sans stations fixes (free-floating). Les utilisateurs passent par une App qui localise un vélo libre (archives). KEYSTONE/ENNIO LEANZA sda-ats

(Keystone-ATS) Des centaines de vélos de la firme singapourienne oBike inondent les alentours des gares en Suisse alémanique. Les réactions n’ont pas tardé à fuser, certains célébrant un coup de génie, d’autres vilipendant une camelote asiatique.

L’entreprise oBike a commencé à poser ses bicyclettes au début de l’été autour de la gare de Zurich. Elle en a déposé quelques dizaines par erreur à Uster et Effretikon. La société ambitionne de s’installer très bientôt à Lucerne, puis dans d’autres villes. Elle dispose pour l’heure d’une flotte de 1000 vélos jaunes et gris pour la Suisse.

Le système fonctionne sans stations fixes (free-floating). Les utilisateurs passent par une App qui localise un vélo libre. La location coûte 1,50 franc la demi-heure, après un dépôt de 129 francs.

oBike est aussi intéressé à la Suisse romande. Une information sera donnée en temps utile, indique par messagerie électronique son service de presse.

Pragmatisme rondement mené

Beaucoup d’internautes ne cachent pas leur enthousiasme devant ce nouveau modèle de location. “Typique suisse: une start-up étrangère réalise du jour au lendemain son projet quand nos entrepreneurs se perdent en palabres pendant des années sans résultat”, écrit un admirateur sur un forum en ligne.

“Ne ramassez pas ces vélos”, supplie une internaute pour qui l’idée répond à une demande: beaucoup n’ont plus besoin d’un vélo à plein temps, mais sont heureux de pouvoir emprunter un oBike pour un bref déplacement.

“Le système fonctionne à merveille en Asie. Il n’y a que les idiots d’ici qui ne savent pas l’apprécier”, ajoute un lecteur de 20 Minutes.

Dépit en roue libre

Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Un mécontent s’énerve qu’une firme privée puisse s’imposer avec tant de culot sur l’espace public pour faire des affaires. Tout en regrettant que les autorités n’aient pas été en mesure d’introduire un tel système encadré par des règles, poursuit-il sur le forum de la SRF.

Une autre lectrice regrette que l’entreprise de Singapour fasse de l’ombre aux systèmes en place à Zurich et Berne, qui servent de programmes d’intégration à des chômeurs. “Cette logique du profit est très discutable!”, selon elle.

D’autres doutent qu’il y ait une réelle demande pour ce type de service. “Qu’on me dise une fois pour toutes si les Suisses ont trop ou pas assez de vélos”, se demande un lecteur du Blick. “Qui va donc louer l’une de ces 1000 bicyclettes? Des touristes, des Suisses?”

Quid des données privées?

Pour certains, oBike a des visées sur les données privées des utilisateurs, une activité qui peut s’avérer bien plus lucrative que la location de bicyclettes. Mais l’accusation est rejetée par la firme, qui précise cependant qu’elle met des données anonymisées à disposition des villes pour améliorer le réseau des deux-roues.

Enfin, certains amateurs de la petite reine se montrent sceptiques sur la qualité des cycles. “C’est le péril jaune 2.0”, écrit l’un d’eux sur le site en ligne du Tages Anzeiger, qui attend de voir le sort réservé à ces bécanes sur la durée.

Ce n’est qu’un début

La firme asiatique a déjà essuyé des remontrances de la ville de Zurich suite aux réclamations qui lui sont parvenues. Elle travaille avec un partenaire local chargé de ranger les vélos mal parqués, de les réparer et de vérifier qu’ils ne prennent pas toute la place des parcs à vélos.

oBike n’est pas la seule entreprise asiatique intéressée à s’implanter en Europe. D’autres, telles Onebike, Mobike, Ofo et Xiaoming, ont déjà pignon sur rue dans plusieurs pays.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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