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Une libéralisation complète “fatale” pour l’agriculture suisse

Récolte de soja à Campo Novo do Parecis, Mato Grosso, Brésil. KEYSTONE/AP/Maurilio Cheli sda-ats

(Keystone-ATS) Un accord entre les pays de l’AELE et ceux du Mercosur représente un défi, voire une menace “fatale” pour l’agriculture suisse. Il faut mettre des protections contre une libéralisation complète des échanges, exigent des milieux paysans.

La Suisse et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) “ne jouent pas dans la même catégorie”, explique vendredi dans Agri David Rüetschi, secrétaire de l’ASSAF-Suisse (Association suisse pour un secteur agroalimentaire fort).

Risques très graves

Le responsable souligne les différences structurelles entre ces pays, avec pour conséquence des coûts de production beaucoup plus bas en Amérique du Sud qu’en Suisse. “Pour les producteurs suisses, il y a plus de risques que d’opportunités dans un tel accord” de libre-échange.

“Une libéralisation complète des échanges serait fatale pour l’agriculture suisse”, affirme même David Rüetschi qui demande “des garde-fous” pour des produits sensibles comme la viande. Un récent scandale de viande avariée a frappé le Brésil, avec des certificats falsifiés pendant plus de dix ans, rappelle-t-il dans l’hebdomadaire professionnel agricole de la Suisse romande.

Avertissement clair

Fort du récent “oui” massif de la population à l’article constitutionnel sur la sécurité alimentaire, le secrétaire général met en garde. Son organisation n’acceptera pas un accord qui met en danger l’agriculture ou des filières entières de la production suisse.

Le Brésil et l’Argentine sont des géants en matière agricole, insiste David Rüetschi. Le Brésil est numéro un mondial pour l’exportation de viande de boeuf et de volaille, de soja et de sucre. L’Argentine est leader pour le maïs, le blé, l’orge ou le soja.

Accès aux marchés pas discuté

L’Association européenne de libre-échange (AELE – Suisse, Norvège, Islande et Liechtenstein) a déjà mené deux séries de négociations en vue d’un accord commercial avec le Mercosur, un troisième étant prévu au début de l’année prochaine. Berne indique cependant que la question de l’accès aux marchés n’a pas encore été discutée.

En janvier à Davos, le ministre de l’économie Johann Schneider-Ammann a signé une déclaration pour des négociations formelles avec le Mercosur. Ce marché est énorme et représente une opportunité pour le commerce extérieur suisse, même si une ouverture constitue clairement un défi pour l’agriculture helvétique, déclarait alors le conseiller fédéral.

Rencontre au plus haut niveau

En avril, la présidente de la Confédération Doris Leuthard rencontrait son homologue argentin Mauricio Macri à Buenos Aires. Le but de la visite était notamment d’intensifier les relations économiques et commerciales entre les deux pays.

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