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Une satire hantée par le Brexit fait rire la Berlinale

Le film de Sally Potter (g.) affiche un casting de haut vol avec, entre autres, Bruno Ganz et Kristin Scott Thomas. KEYSTONE/AP/MICHAEL SOHN sda-ats

(Keystone-ATS) Les éclats de rire ont retenti lundi à la Berlinale avec le film britannique “The Party”. Cette satire très cynique sur la politique et les idéaux d’un groupe d’amis a été tournée en plein Brexit, avec un casting de haut vol, avec notamment le Suisse Bruno Ganz.

“The Party” est “un regard à la fois léger et tendre sur l’état de l’Angleterre, une Angleterre en quelque sorte cassée”, a expliqué la réalisatrice Sally Potter (“La leçon de tango”) devant la presse à Berlin. Le film a été tourné en seulement deux semaines, dont celle durant laquelle la Grande-Bretagne a voté pour sortir de l’Union européenne.

En seulement 1h10, il parvient à faire rire du délitement de la politique grâce à ses acteurs et des dialogues ciselés. Sur le plan stylistique, “The Party” bénéficie d’un superbe noir et blanc qui donne du relief aux personnages et laisse une grande place à la musique, huitième personnage du film.

Tragi-comique

Janet (Kristin Scott Thomas) vient d’être nommée ministre de la Santé d’un cabinet fantôme qu’on imagine être travailliste. Pour célébrer cette nomination, qu’elle a attendue toute sa vie, elle organise un repas avec des amis quelques heures avant de prendre ses fonctions.

Les invités arrivent les uns après les autres, notamment sa plus proche amie, la très cynique April (Patricia Clarkson), et son compagnon, un naturopathe allemand détonant joué par Bruno Ganz. Pendant ce temps, le mari de Janet (Timothy Spall, vu dans la saga Harry Potter) semble incapable de se réjouir et va finir par dire ce qu’il a sur le coeur.

De révélation en révélation la “petite fête” va prendre un tour tragi-comique. Exploration des faux-semblants et des mensonges, critique du monde bourgeois et de l’affaiblissement des idéaux, “The Party” met le doigt sur une perte de repères qui se manifeste autant en politique que dans les rapports de couple.

Constat sévère

Le scénario a été écrit pendant les élections législatives de 2015, marquées par la réélection de David Cameron. Un moment où il était “difficile de distinguer la gauche de la droite”, selon la réalisatrice, sévère sur l’état de la politique dans son pays.

“Depuis, les choses ont changé, elles sont plus polarisées”, estime Sally Potter, une des quatre réalisatrices à avoir un film en compétition à Berlin. “Mais ce qui était important était ce sentiment de ne pas parvenir à savoir ce qui est vrai en matière de politique”, une situation dont découle plus ou moins le Brexit, selon elle.

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