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Uniterre manifeste pour exiger un contrat laitier conforme à la loi

Le syndicat agricole Uniterre et les producteurs de lait alémaniques ont interpellé Johann Schneider-Ammann jeudi à Berne sur la question du prix du lait. KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Les producteurs de lait exigent le respect de la loi. Lors d’une manifestation jeudi à Berne, ils ont demandé au conseiller fédéral Schneider-Ammann des contrats-type d’une année fixant le prix et la quantité à produire, comme le stipule la loi sur l’agriculture.

“Aujourd’hui, seuls 10% des paysans ont des contrats fixes”, a lancé lors d’un point de presse Rudi Berli, secrétaire syndical à Uniterre. La loi n’est clairement pas respectée. Et la récente proposition d’IP-Lait, la plate-forme commune de l’économie laitière suisse, d’établir un contrat-type de mois en mois va clairement à l’encontre des dispositions légales.

Cette solution adoptée en novembre dernier prévoit que les producteurs de lait devraient être informés jusqu’au 20e jour du mois sur le prix et la qualité de lait qui lui seront achetés le mois suivant. Elle est en consultation jusqu’au 20 mars avant que le Conseil fédéral décide ou non de rendre ce règlement obligatoire.

Des vaches pas des machines

“Le projet d’IP-Lait ne résoudra rien”, estime Rudi Berli entouré d’une trentaine de producteurs, dont certains affiliés de Big-M. En gérant la production et le commerce de lait à court terme, il ne fait que servir les intérêts des transformateurs. Or, nous avons affaire à des vaches qu’il n’est pas possible de programmer, témoigne un paysan venu à Berne.

En outre, les producteurs ne sont pas assurés de recevoir plus d’argent. “Le prix sera peut-être plus élevé, mais à quoi bon si l’industrie décide de réduire les quantités achetées sur le segment A, le mieux rétribué”, grogne Claude Demierre d’Uniterre.

La solution d’IP-Lait stipule en effet que les contrats-type fixeront des pourcentages par segment (A,B ou C) et non des quantités de lait livrées, selon M. Berli. Pour Uniterre et Big-M, c’est un non-sens qui aggravera encore plus la situation du marché du lait. “On ne peut plus continuer sur cette voie; il faut une régulation du marché”, témoigne un autre agriculteur.

Compréhension de l’USP

Consciente de la situation très délicate du marché du lait, l’Union suisse des paysans (USP) comprend l’action syndicale de jeudi. Mais elle considère la proposition d’IP-Lait comme un premier signe dans la bonne direction en fixant des contrats clairs, relève Martin Rufer, responsable du domaine Lait à l’USP.

Le problème principal réside ailleurs, selon lui. Alors qu’IP-Lait fixe tous les trois mois le prix indicatif du lait, l’industrie ne s’y conforme pas. Aujourd’hui fixé à 65 centimes pour le segment A, il est courant que les paysans ne reçoivent que 58 à 59 centimes, explique-t-il.

“Il faut absolument trouver une solution pour que les prix indicatifs soient respectés.” L’USP a mis sur pied un groupe de travail sur le secteur laitier.

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