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Vaud: des députés veulent que le canton s’affranchisse des GAFAM

Des élus vaudois militent pour réduire la dépendance aux GAFAM au sein de l'Etat de Vaud (photo d'illustration). KEYSTONE/EPA/RITCHIE B. TONGO sda-ats

(Keystone-ATS) Trois députés vaudois de tous bords se liguent contre les multinationales américaines du numérique, les GAFAM. Ils demandent que le canton réduise sa dépendance face aux géants de l’internet en optant pour des solutions locales.

Après avoir déposé un postulat début juin au Grand Conseil, la Verte Sabine Glauser Krug, l’UDC Yann Glayre et le popiste Vincent Keller ont expliqué leur démarche vendredi devant la presse. “C’est très important de montrer que, malgré nos partis différents, nous tirons à la même corde face au même adversaire”, a indiqué Vincent Keller.

Cet adversaire, ce sont donc les Google, Apple, Facebook, Amazon et autre Microsoft, réunis sous l’acronyme GAFAM, et sur lesquels l’Etat de Vaud “se repose énormément”, a souligné Sabine Glauser Krug. Elle a mis en garde contre “la mainmise” de ces différents outils américains dans différents domaines, de la communication interne au traitement de texte en passant par la visioconférence.

Problème politique

Les serveurs de ces multinationales ne sont pas nécessairement situés en Suisse et sont donc soumis à d’autres lois moins regardantes en matière de protection des données. “De technique, la problématique devient alors politique”, a reconnu M. Keller.

Le député du POP, informaticien de profession, a assuré que des solutions vaudoises pourraient remplacer les GAFAM. Mais selon lui, le canton de Vaud “n’a pas les compétences à l’interne, ni même les ressources” pour opérer ce virage. Du coup, les entreprises locales qui pourraient proposer leurs services “ne parviennent pas à régater face aux mastodontes américains”, notamment pour des questions de coûts.

“C’est un cercle vicieux. Plus ces entreprises ont de l’argent, et plus elles peuvent asseoir leur position dominante”, a renchéri Yann Glayre. Pour Sabine Glauser Krug, l’Etat de Vaud doit repenser ses processus d’appels d’offres afin que les entreprises locales puissent y répondre.

Education numérique

Lui aussi informaticien, Yann Glayre a défendu l’importance d’une meilleure éducation au numérique. Pour le traitement de texte par exemple, il a expliqué qu’il fallait apprendre aux enfants “les rouages” d’une interface plutôt que de les habituer à “consommer” uniquement Microsoft. “Cela leur permettra ensuite de prendre les bonnes décisions en matière d’utilisation numérique”, a-t-il dit.

Les trois députés n’ont pas pu donner d’exemples de pays ou de villes à s’être affranchis des GAFAM. “Justement, l’Etat de Vaud doit se positionner en pointe et montrer que l’on peut rivaliser avec la Silicon Valley”, a affirmé M. Keller.

A ce titre, les trois députés ont salué l’initiative d’une “Trust Valley” lémanique (vallée de la confiance), qui vient d’être officiellement lancée en associant pouvoirs publics, hautes écoles et entreprises de la région. “Cela va dans le bon sens, mais il faut en faire davantage. On aimerait des actes”, a dit M. Keller.

Pour les trois députés anti-GAFAM, la période de semi-confinement aurait été propice à se tourner vers des solutions locales. Au lieu de ça, même les visioconférences des commissions du Grand Conseil, censées être confidentielles, se sont déroulées avec des systèmes américains, donc potentiellement consultables par les autorités des Etats-Unis.

Les trois députés espèrent que leur postulat va passer rapidement devant le Parlement. Yann Glayre ajoute qu’une motion sera aussi bientôt déposée pour demander des solutions de communication cryptées au sein de l’Etat de Vaud, notamment dans l’enseignement.

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