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Vers Alpha du Centaure à 60’000 km/s, le rêve d’un milliardaire

(Keystone-ATS) C’est un vieux rêve, celui d’un voyage jusqu’à l’étoile la plus proche de la Terre, qu’à ravivé mardi le milliardaire russe Yuri Milner. Il veut construire un vaisseau spatial voyageant à 60’000 km par seconde.

L’idée est de propulser le petit vaisseau “StarChip”, qui ne pèserait que quelques grammes, à un cinquième de la vitesse de la lumière, en bombardant sa voile de quelques mètres carrés, de photons produits par un laser basé sur Terre.

Poussé à une vitesse de 60’000 kilomètres par seconde, le vaisseau pourrait atteindre Alpha du Centaure, le groupe d’étoiles le plus proche de la Terre, en vingt ans. A titre de comparaison, la sonde américaine New Horizons a atteint Pluton l’an passé à une vitesse de 49 kilomètres par secondes. A cette allure, il faudrait plus de 24’000 ans à une sonde lancée depuis la terre pour atteindre Alpha du Centaure.

“Le voyage dans l’espace, tel que nous le connaissons, est lent. Comment aller plus vite, plus loin? Comment pouvons-nous faire ce grand saut?”, a interrogé Yuri Milner, investisseur dont la fortune est estimée par le site Forbes à 2,9 milliards de dollars.

Dépasser les limites

“Pour la première fois de l’histoire, nous pouvons faire plus que regarder les étoiles, nous pouvons les atteindre”, a lancé l’homme d’affaires de 54 ans. “Il est temps de faire le prochain grand bond de l’histoire de l’humanité”, s’est-il enthousiasmé.

Il s’est associé à Stephen Hawking, un astrophysicien mondialement connu pour ses travaux sur les trous noirs et pour son bestseller “Une brève histoire du temps”.

“Je pense que ce qui fait que nous sommes uniques (en tant qu’êtres humains) est que nous dépassons nos limites”, a commenté Stephen Hawking, qui a perdu l’usage de la parole et s’exprime par le biais d’un logiciel vocal.

But non lucratif

Pour atteindre son but Yuri Milner, qui a bâti sa fortune grâce à des investissements judicieux dans plusieurs start-ups, notamment Facebook, va dédier 100 millions de dollars au projet, baptisé “Breakthrough Starshot”, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse à New York.

Le milliardaire a indiqué qu’il investirait de sa poche les cent premiers millions de dollars dans le projet, mais chercherait ensuite, en cas d’avancée majeure, d’autres sources de financement. “Il est très clair que c’est une initiative à but non lucratif”, a-t-il plaisanté, concédant que les chances de succès et le coût final étaient incertains.

Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, fait partie du conseil d’administration de l’entité. Il s’agit d’un projet de recherche qui doit associer la communauté scientifique et dont les résultats seront publiés dans leur intégralité.

Traces de vie

Les premiers résultats de recherche indiquent que la projection de ce rayon laser nécessiterait environ cent gigawatts, soit à peu près l’énergie requise pour faire décoller une navette spatiale, a expliqué Avi Loeb, professeur à Harvard et membre du projet.

La technologie de base nécessaire au développement du projet existe déjà, mais doit être adaptée et améliorée pour permettre à ce vaisseau d’accomplir sa mission, a expliqué Yuri Milner, lors de la conférence qui se déroulait au sommet du One World Trade Center, la tour géante construite sur le lieu des attentats du 11 septembre 2001.

L’équipe qu’il a constituée travaille déjà depuis un an sur le projet, a-t-il précisé.

L’objectif du voyage vers l’étoile la plus proche vise à y chercher des traces de vie, mais pas seulement, a assuré Avi Loeb.

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