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Voiture de police incendiée à Paris: sept ans ferme pour un Suisse en fuite

Les activistes s'en étaient pris violemment à une voiture de police avant de l'incendier (archives). KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT sda-ats

(Keystone-ATS) La justice française a prononcé mercredi une peine par contumace de sept ans de prison ferme contre un militant “antifasciste” suisse. Il lui est reproché d’avoir lancé une fusée de détresse à l’intérieur d’une voiture de police à Paris en mai 2016.

L’homme était le principal des neuf accusés dans le procès de la violente attaque d’un véhicule de police sur le quai Valmy, en marge d’une manifestation dans la capitale française. En fuite et absent au procès, l’homme est sous le coup d’un mandat d’arrêt.

Il a été identifié comme étant l’homme qui a mis le feu à la voiture de police en y jetant un fumigène. Les gardiens de la paix, Kevin Philippy et Allison Barthélemy, se trouvaient alors à l’intérieur du véhicule.

La seconde peine la plus lourde, cinq ans de prison dont deux avec sursis, a été infligée à Antonin Bernanos, 23 ans. Etudiant et descendant direct de l’écrivain Georges Bernanos, il se revendique de la lutte antifasciste.

Ce jeune homme à l’allure sage a été identifié par un témoin sous X et sur des images vidéo comme étant celui qui a défoncé la vitre arrière du véhicule, par où le fumigène a été jeté. Il serait aussi l’un de ceux ayant frappé Kevin Philippy.

Aménagements de peine

Le jeune homme a constamment nié avoir pris part à l’agression, mais le président du tribunal a rejeté ses dénégations en s’appuyant sur son “identification formelle”. Selon son avocat, Antonin Bernanos, qui a fait dix mois de détention provisoire et avait déjà été condamné en 2013 pour violences aggravées, a cependant de fortes chances de bénéficier d’aménagements de peine.

“Il est très possible qu’il ne retourne jamais en prison”, a dit Me Arié Alimi, qui n’était d’ailleurs pas certain mercredi de faire appel. “Il est très probable que personne ne fasse appel, parce que c’est une décision politique qui permet aux uns et aux autres de l’éviter”, a ajouté l’avocat. Ce dernier espère, toutefois, que le parquet ne cédera pas à la pression des syndicats de police.

Pas de mandat de dépôt

Le tribunal a, certes, décidé le maintien en prison de deux prévenus encore en détention provisoire et condamnés à quatre et cinq ans de prison ferme, dont la moitié avec sursis. Mais, selon leurs avocats, ils devraient être assez rapidement libérés. Et le tribunal n’a pas demandé de mandat de dépôt pour les autres.

Le plus âgé des prévenus, un informaticien de 40 ans sans emploi, a pour sa part reconnu avoir frappé Kevin Philippy avec une barre métallique. Il a écopé d’une peine de cinq ans, dont deux ans et demi avec sursis.

Mais compte tenu de la détention provisoire déjà effectuée, de ses regrets à la barre et d’un faible risque de récidive, son avocat, Antoine Vey, estime qu’il ne retournera pas en prison. “C’est une peine sévère, mais mon client l’accepte. Il espère retrouver un travail et avoir une vie tranquille. Nous ne ferons pas appel”, a expliqué Me Vey.

La justice huée

Trois prévenus ont écopé de peines de prison ferme inférieures. Enfin, un prévenu a été condamné à un an de prison avec sursis et deux ont été autres relaxés.

Le jugement a été accueilli au cri de “crève, justice de merde” par une sympathisante des prévenus dans la salle d’audience. A l’extérieur du tribunal, plusieurs dizaines de personnes contenues par un important dispositif de sécurité s’étaient rassemblées et ont crié: “Tout le monde déteste la justice”.

“On est entré dans une forme de régression pour les libertés publiques et les droits de l’homme. Antonin Bernanos était un défenseur de ces libertés et de ces droits de l’homme”, a dit Me Arié Alimi à l’issue de l’audience. “On l’a jugé coupable sur des éléments infimes qui reposent sur des considérations pour le moins politiques.”

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