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Yémen: les pourparlers démarrent à Koweït

(Keystone-ATS) Des négociations censées trouver une solution politique au conflit au Yémen se sont ouvertes jeudi soir à Koweït sous l’égide de l’ONU. La délégation des rebelles est enfin arrivée sur place, avec trois jours de retard.

“Ils (les membres de la délégation) sont arrivés”, en provenance d’Oman, a déclaré Charbel Raji, porte-parole de l’émissaire des Nations unies au Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. Les négociations de paix, parrainées par l’ONU, devaient commencer lundi mais ont été reportées en raison du refus des rebelles et de leurs alliés – les partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh – d’envoyer leurs représentants à temps.

La session inaugurale de ces discussions était prévue en début de soirée. Les Etats-Unis ont encouragé jeudi les rebelles à “participer de manière constructive” aux négociations à Koweït.

Un règlement du conflit yéménite “permettra aussi de se concentrer sur des menaces comme Aqpa (Al-Qaïda dans la péninsule arabique) et d’autres groupes extrémistes dans la région”, a déclaré Ben Rhodes, proche conseiller de Barack Obama, dans la capitale saoudienne Ryad où le président américain participait à un sommet des Etats du Golfe.

Menaces

La délégation du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, présente depuis dimanche à Koweït, avait menacé de se retirer si les pourparlers ne commençaient pas jeudi matin. Dans un message au médiateur de l’ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, le président Hadi a réaffirmé son “refus de conditions que poseraient les rebelles ou une modification de l’ordre du jour déjà convenu”, selon un membre de la délégation gouvernementale.

Le gouvernement de M. Hadi est soutenu par une coalition militaire arabo-sunnite sous commandement saoudien, qui est intervenue au Yémen en mars 2015 pour repousser les rebelles chiites, perçus comme des “agents de l’Iran” et qui contrôlent la capitale Sanaa depuis septembre 2014.

Les rebelles exigent aujourd’hui un arrêt total des opérations de l’aviation de la coalition arabe, la levée du blocus naval imposé par l’Arabie saoudite au Yémen et la levée des sanctions imposées à certains de leurs dirigeants et alliés, dont M. Saleh, selon des diplomates. En vertu de ces sanctions décidées en novembre 2014 par le Conseil de sécurité, la Turquie, proche allié de l’Arabie saoudite, a gelé les avoirs de M. Saleh.

Tension sur le terrain

La tension est également vive sur le terrain où des combats se sont poursuivis jeudi sur certaines lignes de front, même s’ils ont baissé d’intensité, selon des sources militaires. Les belligérants s’accusent mutuellement d’être responsables de violations répétées d’un cessez-le-feu entré en vigueur le 11 avril au Yémen pour créer un climat propice aux négociations.

Une roquette Katioucha, tirée mercredi soir par les rebelles, est tombée à l’entrée de Marib, ville tenue par les loyalistes à l’est de la capitale Sanaa, a constaté un journaliste de l’AFP. Des sources militaires loyalistes ont fait état d’affrontements violents à Nahm, au nord-est de Sanaa, et de combats sporadiques dans les provinces de Jawf (nord), de Taëz (sud-ouest), et de Baïda (centre).

Pour leur part, les rebelles affirment sur leur site Sabanews.net que l’aviation de la coalition sous commandement saoudien viole toujours la trêve après avoir mené mercredi deux raids à Nahm et survolé la capitale Sanaa, Marib et Jawf. Depuis l’intervention de la coalition arabe il y a 13 mois, la guerre a fait 6400 morts, pour moitié des civils, et plus de 30’500 blessés, selon l’ONU.

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