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Traité antinucléaire: la Suisse déçue

Une fusée pakistanaise à tête nucléaire. Keystone

Engagée de longue date en faveur du désarmement atomique, la Suisse regrette l'absence de résultat de la conférence sur le Traité de non-prolifération nucléaire.

Le chef de la délégation suisse Jürg Streuli explique cet échec par une «alliance calamiteuse» entre puissances nucléaires et pays émergents.

Les 188 pays parties prenantes au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) étaient réunis à New York du 2 au 27 mai. Objectif de la conférence: redonner de la consistance à un traité au bilan plus que mitigé. Mais vendredi, après un mois de débats, la conférence s’est achevée sans résultat.

Cet échec survient à un très mauvais moment dans la lutte contre la prolifération, alors que les inquiétudes internationales ne cessent de croître autour des programmes nucléaires nord-coréen et iranien ainsi que des activités de réseaux internationaux de trafic de matières nucléaires.

«Désormais, le traité de non-prolifération est affaibli, mais tout n’est pas fini», a commenté le chef de la délégation suisse Jürg Steuli, contacté par swissinfo samedi à New York.

«Alliance calamiteuse»

L’ambassadeur helvétique, qui qualifie la situation dans la lutte contre les armes atomiques de «calme plat», explique l’échec de la conférence par «une sorte d’alliance calamiteuse» entre puissances nucléaires et pays émergents.

D’un côté, les puissances nucléaires comme les Etats-Unis ne veulent pas signer de document qui permette un contrôle international plus étendu.

De l’autre, de nombreux pays émergents souhaitent recourir à l’énergie nucléaire en raison du prix élevé du pétrole et rejettent pour cette raison de nouvelles prescriptions.

Les Etats-Unis ont ainsi refusé de se considérer comme tenus par leurs promesses de désarmement passées, tandis que l’Iran exigeait une reconnaissance de son droit à la technologie nucléaire à usage pacifique et que l’Egypte insistait sur des sanctions contre Israël pour n’avoir ni déclaré ses armes atomiques présumées, ni signé le Traité.

Une occasion manquée

A l’issue de la conférence, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a noté que les Etats membres avaient «manqué une occasion vitale de renforcer la sécurité collective contre les nombreuses menaces nucléaires».

S’il déplore lui aussi l’absence de résultat, le chef de la délégation helvétique se dit modérément confiant face à l’avenir. Dans l’histoire du traité, vieille de 35 ans, il y a souvent eu des situations de blocage qui ont ensuite été surmontées, rappelle-t-il.

Par ailleurs, de nombreuses idées et propositions constructives sont sur la table. Elles doivent être discutées dans d’autres enceintes que l’ONU, comme la conférence du désarmement à Genève, a encore déclaré Jürg Streuli.

La Suisse – qui s’est toujours déclarée en faveur du désarmement, contre la prolifération et pour une utilisation contrôlée et pacifique de l’atome – entend désormais essayer de faire pression avec d’autres Etats du même avis pour la mise en oeuvre du traité.

Nouvelle chance en septembre

Dans un communiqué, Kofi Annan a pour sa part souligné que les Etats membres auront une occasion unique de renouveler leurs efforts en septembre, lors de la 60e assemblée générale de l’ONU.

Le secrétaire général a appelé les dirigeants «à saisir cette occasion pour prendre des engagements audacieux et faire face aux défis pressants auxquels la conférence de revue du Traité de non-prolifération nucléaire n’a pu trouver de réponse».

swissinfo et les agences

Le TNP a été signé le 1er juillet 1968 et la Suisse l’a ratifié en 1977.
La conférence qui s’est tenue à New York du 2 au 27 mai devait redonner de la consistance à un traité au bilan plus que mitigé.
Vendredi, elle s’est soldée par un échec.
Les deux précédentes conférences de revue du traité, en 1995 et 2000, avaient été des succès, rendant permanent le TNP et définissant un itinéraire en 13 étapes vers le désarmement nucléaire.

– Le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) combat la prolifération de l’armement nucléaire.

– Il interdit aux pays signataires qui ne disposent pas d’armement nucléaire d’en fabriquer ou d’en acquérir.

– Il garantit le contrôle et le transfert des connaissances scientifiques à des fins pacifiques à travers l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

– Il prévoit la fin de la course aux armements nucléaires ainsi qu’un désarmement nucléaire total.

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