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La confidentialité des données, clef des applications de traçage

Soldats masqués avec des téléphones portables
L'armée suisse aide à tester l'app de traçage DP-3T. Keystone / Laurent Gillieron

Selon un récent sondage, près des deux tiers des Suisses sont favorables à l’utilisation d’applications permettant de contrôler la diffusion des infections. Ces app alertent les utilisateurs lorsqu’ils ont été en contact avec des personnes infectées. Mais ces systèmes d’alerte précoce pourraient-ils aussi compromettre la confidentialité des données?


Comment fonctionne le traçage?

Contrairement à la localisation, qui montre où vous êtes allés, le traçage de proximité ou de contact enregistre chaque contact physique étroit entre deux smartphones qui ont téléchargé l’app.

Les smartphones communiquent par Bluetooth et recherchent les autres téléphones portables munis de l’app. Lorsqu’un contact est détecté, les deux appareils enregistrent un «événement de contact» crypté s’ils ont été en contact suffisamment longtemps pour qu’une infection soit possible.

Si le possesseur d’un des téléphones tombe malade, il l’indique alors à l’app et un message d’alerte est envoyé sur tous les téléphones qui ont été en contact étroit avec celui de l’utilisateur infecté. Pour éviter les fausses déclarations d’infection, les utilisateurs de l’app devront généralement entrer la confirmation de leur diagnostic par leur prestataire de soins.


Comment mes données sont-elles protégées?

Il faut d’abord savoir que les applications de traçage de proximité n’enregistrent ni l’endroit où vous êtes allés ni à quel moment. Elles enregistrent uniquement le nombre de fois où vous avez été proches d’un autre utilisateur de l’app pendant une période de temps significative. De plus, les informations sont cryptées, ce qui signifie que les pirates informatiques devraient les craquer pour obtenir vos informations personnelles.

Les experts rappellent qu’aucun système numérique n’est totalement à l’abri des intrusions, mais l’implication des Écoles polytechniques fédérales de Zurich et de Lausanne (EPFZ et EPFL) confère à l’application conçue en Suisse une légitimité et un niveau de confort élevé.


Mieux vaut-il un système centralisé ou décentralisé?

C’est une question de plus en plus discutée. Le projet suisse DP-3T et le projet européen PEPP-PTLien externe ont des approches différentes. Les différences essentielles concernent la procédure lorsqu’une personne signale qu’elle est infectée et la manière dont le système détermine qui devrait être alerté.

L’app PEPP-PT envoie les informations de contact enregistrées sur le téléphone de la personne infectée (par exemple l’enregistrement des autres téléphones qui ont été en contact étroit avec la personne infectée) à un serveur central qui analyse les données et envoie les alertes.

Plusieurs collaborateurs suisses du projet PEPP-PT, notamment l’EPFZ et l’EPFL, se sont retirés en raison d’inquiétudes suscitées par cette centralisation des données. Ils estiment qu’il est plus facile de pirater et de décoder des informations personnelles sur un serveur centralisé. Ils concentrent désormais tous leurs efforts sur l’app DP-3T.

Cette dernière conserve les informations relatives aux événements de contact sur le téléphone de l’utilisateur – seule l’alerte d’infection est transmise à un serveur central. Les téléphones individuels communiquent avec le serveur central et recherchent des alertes qui pourraient correspondre à leurs propres données d’événements de contact.


Quelle est la position des autorités suisses?

Tant le département fédéral en charge de la Santé publique que le Préposé à la protection des données se déclarent en faveur d’une approche décentralisée. Le Préposé souhaite par ailleurs que les utilisateurs disposent de tous les détails sur le fonctionnement des applications et que les personnes individuelles soient légalement protégées contre la mise à disposition des données par les autorités fédérales.

Le Parlement exige également d’avoir son mot à dire sur la mise en œuvre de ces applications, plutôt que de laisser la décision au gouvernement ou au ministère de la Santé.

Le projet DP-3T, qui fait partie de la Swiss National COVID-19 Science Task ForceLien externe, mise sur pied pour lutter contre la pandémie, devrait être achevé au mois de mai. 


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(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

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