Des perspectives suisses en 10 langues

Trois extrémistes de droite devant la justice

Marcel von Allmen a été battu à mort dans ces ruines avant d'être jeté dans le lac de Thoune. Keystone

Le procès de trois des quatre meurtriers présumés d’un jeune sympathisant d’extrême droite, Marcel von Allmen, s’est ouvert lundi à Berne.

La victime avait été éliminée en 2001 par des jeunes appartenant à l’«Ordre des chevaliers aryens». Ils lui reprochaient d’avoir violé la loi du silence.

A fin février 2001, un mois après la disparition de Marcel von Allmen, les pires craintes s’étaient confirmées. La police avait retrouvé ses chaussures de gymnastique dans le lac de Thoune, avant de découvrir au fond de l’eau le corps du jeune homme de 19 ans lesté d’une pièce de métal.

Quelques jours plus tard, quatre jeunes avouaient l’avoir tué en le frappant avec un tube d’acier dans les ruines de Weissenau, près d’Unterseen, dans l’Oberland bernois. Il aurait violé le serment qui unissait le groupuscule d’extrême droite en ne respectacnt pas la clause du secret.

Les trois accusés, âgés de 22 à 25 ans, qui comparaissent lundi devant le tribunal de district de Berne doivent répondre de tentative de meurtre et de meurtre. A deux reprises à fin 1999 et en automne 2000, ils avaient planifié l’exécution d’un meurtre mais ne l’avaient pas menée à terme.

Première condamnation

Dans l’intervalle, le principal accusé, mineur au moment des faits, a été condamné après avoir fait feu à quatre reprises sur un policier. En novembre 2001, le tribunal des mineurs d’Interlaken l’avait reconnu coupable de meurtre et avait ordonné son placement dans un établissement d’éducation au travail. Il a dû également se soumettre à une psychothérapie.

L’Ordre des chevaliers aryens, groupuscule d’extrême droite, a été fondé en automne 1999 par deux des jeunes accusés. L’un des objectifs principaux de cette organisation consistait à chasser les étrangers indésirables de la région du «Boedeli». Il semble que seuls les quatre accusés et leur future victime en faisaient partie.

Selon le chef de la section criminelle de la police cantonale bernoise, Peter Baumgartner, la région d’Interlaken n’a été le théâtre d’aucun incident dû à des groupuscules d’extrême droite ces deux dernières années.

Baisse des actes de violence

L’an dernier, il a même recensé une baisse des actes de violence attribués aux extrémistes de droite dans le canton. Au plan national, le nombre d’incidents à caractère raciste reste stable mais les défilés et autres manifestations de groupements liés à l’extrême droite sont en progression.

Contrairement aux pays voisins, en Suisse, les concerts sont considérés comme des manifestations privées et, de ce fait, la norme anti-raciste ne peut en l’occurrence être invoquée. La police n’y intervient donc pas. Les manifestations d’extrême droite sont ainsi passées de 15 en 2002 à 21 en 2003.

Le cas von Allmen reste néanmoins le seul règlement de comptes à l’issue mortelle jamais recensé dans les milieux d’extrême droite en Suisse.

Le procès, qui s’ouvre à Berne devant le tribunal de district d’Interlaken Oberhasli, se déroulera en principe sur une durée de cinq jours. Une salle suffisamment grande a été requise: l’affluence sera nombreuse. Le jugement doit être rendu le lundi 29 mars.

swissinfo et les agences

– Trois membres de l’Ordre des chevaliers aryens sont accusés d’avoir tué un apprenti bernois de 19 ans qui avait rompu la loi du silence de leur organisation.

– Le cadavre a été trouvé le 23 février 2001 dans le lac de Thoune à 6 mètres de profondeur, les chevilles lestées pour éviter qu’il remonte à la surface.

– Le corps de la victime présentait des traces de torture car il avait été frappé avec une barre métallique à de nombreuses reprises.

– Mineur au moment des faits, l’un des accusés a déjà été jugé en novembre 2001 et reconnu coupable d’assassinat.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision