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Trois grandes entreprises suisses sur liste noire aux USA

Le logo du gendarme boursier de Wall Street, la SEC (Securities and Exchange Commission).

Credit Suisse, ABB et Syngenta sont publiquement clouées au pilori par l'autorité américaine de surveillance des marchés.

La SEC leur reproche leurs activités dans des Etats tenus pour soutenir le terrorisme et les place sur une liste noire des sociétés travaillant avec des «Etats voyous».

Dans sa liste d’entreprises diffusées fin juin sur son site web, la SEC (Securities and Exchange Commission) rappelle que les autorités américaines considèrent Cuba, l’Iran, la Corée du Nord, le Soudan et la Syrie comme des «Etats voyous».

Elle donne les noms d’entreprises actives dans chacun de ces pays. A côté des suisses figurent d’autres géants, comme l’allemand Siemens, la Deutsche Bank, le finlandais Nokia, le hollando-britannique Unilever ou encore l’américain Schlumberger.

Informer les investisseurs

Le gendarme boursier de Wall Street justifie cette dénonciation publique par sa volonté de tenir les investisseurs informés des activités, notamment au niveau géographique, des entreprises dans lesquelles ils mettent leur argent.

Dans un communiqué diffusé la semaine dernière, le président de la SEC, Christopher Cox, explique qu’«aucun investisseur ne devrait jamais découvrir que ses placements ou ses fonds de retraite aient indirectement servi à aider le terrorisme ou des Etats qui pratiquent le génocide».

Pour déterminer précisément quel groupe travaille dans quel pays, son organisme a dépouillé les rapports annuels des multinationales. A noter que la liste diffusée par la SEC ne contient pas de détails sur les affaires concernées, ni sur leur importance.

Surprise des concernés

Les groupes suisses visés disent avoir pris connaissance avec surprise de leur présence sur cette liste de la SEC.

Chez Syngenta, le porte-parole Medard Schoenmaeckers se dit déçu que cette instance liste chaque société qui informe de manière transparente sur ses activités, sans approfondir ses critiques.

Syngenta ne voit «aucune raison de changer de politique». La multinationale active dans les semences et désherbants tient en outre son engagement dans les pays concernés pour «minimes».

Le porte-parole du Credit Suisse, Georg Söntgerath, dit ne pas vouloir commenter l’action de la SEC. Il note toutefois que le numéro deux bancaire helvétique s’est retiré d’Etats «sensibles», comme l’Iran et Cuba, en 2005 déjà.

ABB tient la liste pour un «besoin de communication» de la SEC. Le porte-parole du géant industriel zurichois, Wolfram Eberhardt, explique que son groupe figure sur cette liste en raison de ses activités en Iran. Il ajoute que la firme donnera son point de vue aux fonds de pension qui auraient des doutes.

ABB a déjà été confronté à ce type de questions de la part de gros investisseurs institutionnels anglo-saxons en raison de ses activités au Soudan. La multinationale s’est, depuis, retirée de ce pays.

Elle a en revanche choisi de rester en Iran, car cet Etat ne fait pas l’objet de sanctions internationales. Reste que la situation fait l’objet d’un suivi très attentif des dirigeants d’ABB, d’autant que l’Iran ne représente que 1% du chiffre d’affaires du groupe.

swissinfo et les agences

Après l’Allemagne, les Etats-Unis sont le deuxième pays importateur de biens et de services suisses.
En 2006, les exportations helvétiques à destination des USA ont atteint 20,4 milliards de francs (+17% par rapport à 2005).
La Suisse n’est par contre que le 15e pays importateur de produits américains.
L’an passé les exportations américaines en Suisse ont dépassé 10.9 milliards de francs (+31.5%).
Les Etats-Unis absorbent en outre plus d’un cinquième des investissements des entreprises suisses à l’étranger.

Evoqué la première fois sous l’ère Reagan, le concept d’«Etats voyous» s’applique, selon l’administration américaine, aux pays qui violent systématiquement les règles du droit international.

Leur but serait de détruire l’ordre international et de mettre en danger les valeurs des sociétés démocratiques, par exemple en soutenant le terrorisme ou en développant des programmes d’armement non conventionnels.

Initialement cette liste comprenait l’Irak, la Corée du Nord, Cuba, l’Iran, la Syrie, la Libye et le Soudan. Actuellement, elle comprend: Cuba, l’Iran, la Corée du Nord, le Soudan et la Syrie.

Les autorités américaines cherchent à faire pression sur ces pays au moyen de diverses sanctions comme par exemple les embargos économiques et militaires. Les sanctions peuvent aussi toucher des pays ou des entreprises qui collaborent avec ces «Etats voyous».

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