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UBS à la rescousse d’Enron

Une employée quitte les locaux du siège d'Enron, à Houston. Keystone Archive

La première banque suisse rachète la firme texane dont la faillite menace de devenir le grand scandale politico-financier de l'administration Bush.

Enron devait présenter dans la nuit de lundi à mardi les détails de l’accord conclu avec l’UBS au tribunal de commerce de New York. Cette instance est chargée de gérer la banqueroute de la firme de Houston, qui prend l’allure de la plus grande faillite de l’histoire américaine.

Dans les grandes lignes, cet accord prévoit que l’UBS reprend l’essentiel de l’activité de courtage d’énergie qui, lors des beaux jours d’Enron, générait 90% des quelque 100 milliards de dollars de revenus.

Les repreneurs ne se sont pas bousculés au portillon

Selon le New York Times, l’UBS se serait engagée à verser un tiers des revenus futurs à Enron. Toujours selon le New York Times, les termes du contrat seraient destinés à encourager l’UBS à racheter la part d’Enron. Et ceci, puisqu’en l’absence de rachat au bout de cinq ans, les redevances dues par la banque d’investissement à Enron augmenteraient, en passant de 33% à 45% des profits réalisés.

A vrai dire, les repreneurs ne se sont pas bousculés au portillon. L’UBS a, en effet, été retenue à l’issue d’enchères qui n’ont mis en présence que trois autres entreprises: la banque Citigroup, le pétrolier BP et une autre société qui a souhaite rester anonyme.

C’est qu’Enron est loin d’être une bonne affaire. Après le dépôt de bilan intervenu le 2 décembre, l’action d’Enron est tombée au-dessous d’un dollar.

«Si Enron était une entité viable avec beaucoup de valeur, indique l’analyste André Meade, de la Commerzbank, on aurait vu plusieurs compagnies de production et de courtage d’énergie participer aux enchères.»

La transaction entre Enron et l’UBS est soumise à l’approbation du comité des créanciers de la firme texane. Composé de 15 représentants des banques et des investisseurs, ce comité a été désigné par le tribunal de commerce et devrait rendre sa décision d’ici la fin de la semaine.

Une tâche particulièrement difficile

Mais, d’ores et déjà, certains créanciers cherchent à retarder, voire à bloquer le rachat. Ils font valoir que le montant de la reprise et les modalités de sa distribution n’ont pas été divulgués.

Ken Lay, le PDG d’Enron, table, en tout cas, sur la réputation de l’UBS pour remettre sa société à flot.

«En alliant l’impeccable notation du groupe UBS sur le marché financier et l’expertise d’Enron dans le domaine de l’énergie, affirme le patron d’Enron, je crois que cette transaction va maximiser la valeur de nos opérations de courtage et contribuer à construire le nouvel Enron.»

Mais malgré sa réputation, la banque n’aura pas la partie facile. D’autant que la faillite d’Enron devient rapidement une affaire nationale aux Etats-Unis.

Avant le dépôt de bilan, Ken Lay et d’autres hauts responsables de la société ont réalisé des profits substantiels en vendant une bonne partie de leurs actions Enron. Alors que les employés de la firme ont perdu les économies qu’ils avaient faites en vue de leur retraite dans la débâcle du fonds de pension d’entreprise.

Une demi-douzaine d’enquêtes ont été ouvertes, au Congrès, au Département de la justice et à la Commission des opérations en bourse.

La Maison Blanche est même sommée de s’expliquer sur ses relations avec Enron. Qui fut la principale source de financement de la campagne électorale de l’actuel président George Bush.

Marie-Christine Bonzom, Washington

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