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UBS toujours dans le rouge au 2e trimestre

Keystone

La grande banque suisse annonce une perte nette de 1,4 milliard de francs entre avril et juin. Elle affiche toujours des sorties de capitaux massives qui se sont élevées à 39,4 milliards de francs.

UBS a donc confirmé mardi une perte nette de 1,4 milliard de francs suisse au deuxième trimestre, contre un résultat négatif de 395 millions un an plus tôt.

Ce résultat est influencé par des pertes sur crédit propre de 1,213 milliard de francs, des charges de restructuration de 582 millions et une correction de la valeur du goodwill (actifs immatériels) de 492 millions suite à la cession d’UBS Pactual.

Avant ces coûts extraordinaires, UBS affiche un gain avant impôts de 971 millions de francs.

Sur l’entier du premier semestre, la banque présente une perte nette de 3,376 milliards de francs, contre un déficit de 12,012 milliards au cours des six premiers mois de 2008.

Comparé au premier trimestre (perte nette de 1,975 milliard de francs), l’établissement zurichois a quelque peu réduit ses pertes, qui sont conformes aux prévisions des analystes. Ces derniers les attendaient entre 1,2 et 1,6 milliards de francs.

Dans le détail, les activités de gestion de fortune et de banque en Suisse ont dégagé un bénéfice (avant impôts) en baisse à 932 millions de francs, après 1,07 milliard au 1er trimestre. La gestion de fortune en Amérique présente, elle, une perte creusée à 221 millions de francs, contre 35 millions.

La gestion d’actifs a de son côté renoué avec les chiffres noirs, en dégageant un bénéfice de 82 millions de francs, après une perte de 59 millions.

Des sorties d’argent

Les sorties nettes de capitaux, qui mesurent la confiance des clients dans l’établissement, ont par contre augmenté à 39,4 milliards sur la période, bien au-dessus des estimations des analystes interrogés par l’agence AWP, qui tablaient sur des reflux de seulement 28,2 milliards.

Les sorties nettes d’argent frais se sont montées à 16,5 milliards de francs pour la division gestion de fortune et banque en Suisse, indique UBS. Elles ont atteint 5,8 milliards pour la gestion de fortune aux Etats-Unis et 17,1 milliards pour la gestion institutionnelle.

Ceci dit, la banque fait part d’une plus grande stabilité financière, notamment au regard de la réduction «sensible» des positions à risque héritées de la crise du subprime aux Etats-Unis et des pertes associées. Elle a dû passer moins d’écritures pour des correctifs de valeur sur les risques de crédit.

Question de confiance

Analyste à la banque Bordier, Loïc Bhend constate que la perte enregistrée se situe dans la cible du consensus des professionnels. Il juge la banque bien capitalisée [ratio BRI de catégorie 1 de 13,2%, soit au-dessus des exigences de la Finma et des 10,5% du 1er trimestre] et l’estime «sur la bonne voie» dans son secteur banque d’affaire [perte réduite à 1,8 milliards, contre 3,1 au 1er trimestre].

Par contre, les reflux d’argent restent un problème dans le gestion de fortune internationale, même si ces résultats ne sont «pas gravissime». Loïc Bhend y voit une conséquence des incertitudes autour du secret bancaire (affaire UBS aux Etats-Unis).

La clé pour l’avenir sera que les investisseurs retrouvent la confiance et l’accord en préparation entre Berne et Washington pousse dans ce sens, a indiqué le Genevois sur les ondes de la radio romande.

Un avis partagé par les dirigeants d’UBS dans leur lettre aux actionnaires. L’accord de principe est «une évolution positive dans une affaire qui a eu un effet négatif sur nos efforts visant à regagner la confiance de nos clients et à restaurer un contexte favorable pour nos activités».

S’il ne s’attendait pas à une reprise sur le 2e trimestre, Loïc Bhend considère toutefois «assez vital que la banque montre des signes d’inflexion au 3e trimestre».

«Très encourageants»

UBS estime que malgré la nouvelle perte essuyée au deuxième trimestre, sa situation s’est nettement améliorée. Il existe des «signes très encourageants», relève son chef des finances.

John Cryan fonde son optimisme sur un résultat net qui, hors éléments exceptionnels, ressort positif à 971 millions de francs. Le principal souci de l’établissement réside toujours, selon lui, dans sa banque d’investissement qui travaille toujours à perte.

Globalement, UBS s’estime en bonne voie pour réduire ses coûts fixes en fonction de l’objectif de 3,5 à 4 milliards de francs arrêté pour 2010. L’effectif a déjà diminué de 4400 personnes au 30 juin dernier pour reculer à 71’806 collaborateurs. Il doit encore fondre d’autant.

La suppression de quelque 4300 postes supplémentaires se fonde sur les mesures de restructuration annoncées à la mi-avril. Globalement, «les économies de coûts commencent à porter leurs fruits et auront probablement déployé leurs effets vers la fin de l’année», commente la banque.

Pieds plus solides

UBS souligne aussi le renforcement de sa base de fonds propres. La vente annoncée en avril d’UBS Pactual (les activités de services financiers au Brésil pour 2,5 milliards de dollars), devrait être finalisée au troisième trimestre 2009 et permettra même d’accroître le ration BRI de catégorie 1 de 0,5 point à 13,7%.

Autre observation, UBS a encore réduit la taille de son bilan en l’allégeant de 261 milliards de francs d’actifs pour totaliser quelque 1600 milliards.

swissinfo.ch et les agences

Exposition. UBS est l’une des banques les plus touchées par la crise financière débutée en 2008. Elle a été particulièrement exposée aux mauvais risques sur le marché américain.

Déficit. L’année 2008 s’est soldée par un déficit historique de presque 20 milliards de francs, contre «seulement» 5,2 milliards l’année précédente.

Sorties. Les retrait d’argent de la banque avaient atteint 14,9 milliards de francs au premier trimestre 2009 et 85,8 milliards trois mois auparavant.

Sauvetage. La Confédération suisse a volé au secours d’UBS. Elle a injecté 6 milliards de capital dans la banque (emprunt convertible) et chargé la Banque nationale de créer une structure pour reprendre les «fonds toxiques» d’UBS.

Plainte. En février dernier, les autorités fiscales américaines (IRS) ont déposé une plainte auprès du Tribunal fédéral de Miami pour tenter d’obliger UBS à fournir la liste de 52’000 clients soupçonnés de fraude fiscale.

Défense. Soutenue par les autorités suisses, UBS a exigé que l’IRS lui donne d’abord les noms des éventuels fraudeurs.

Argument. Pour la Suisse, la plainte de l’IRS est contraire aux accords de double imposition en vigueur avec les Etats-Unis. Berne a affirmé qu’elle poursuivrait UBS si la banque communiquait les 52’000 noms à l’IRS.

Accord. Un accord de principe a été annoncé vendredi dernier entre Washington et Berne. Sa concrétisation permettrait à UBS d’éviter un procès repoussé à deux reprises déjà en Floride.

Amende. Selon la presse dominicale alémanique, cet accord prévoirait qu’UBS échappe à une amende. Des montants en milliards de francs étaient articulés jusque-là.

Noms. En contrepartie, la banque helvétique devrait divulguer les données de quelque 5000 clients américains sur la base des investigations menées à partir des informations anonymisées fournies aux autorités fiscale américaines (IRS).

Rappel. En février dernier, l’autorité suisse de surveillance des marchés (FINMA) avait déjà autorisé la banque à livrer 250 noms de clients américains.

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