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UBS veut tourner la page

Peter Kurer Keystone

L'assemblée générale d'UBS a voulu tracer la voie du redressement après la débâcle liée aux subprimes. Une nouvelle capitalisation de 15 milliards a été acceptée et l'avocat Peter Kurer remplace Marcel Ospel à la présidence.

Quelque 4211 actionnaires avaient fait le déplacement de la Halle St-Jacques de Bâle mercredi, soit 2200 de moins que lors de l’assemblée extraordinaire de février. Les discussions ont duré près de sept heures.

Les actionnaires ont approuvé un nouveau renflouement, après les quelque 13 milliards de francs injectés en février par un fonds étatique de Singapour et un investisseur du Moyen-Orient. Il s’agit cette fois d’une augmentation ordinaire de capital de 15 milliards, entièrement souscrite par les banques Morgan Stanley, BNP Paribas et Goldman Sachs.

Les adieux d’Ospel

Quittant la présidence du conseil d’administration après sept ans, Marcel Ospel a regretté les circonstances. Mais selon lui, UBS – qui a englouti 40 milliards de francs dans la crise des crédits hypothécaires à risques aux Etats-Unis – est en passe de reprendre pied. Les plus grosses difficultés sont désormais derrière.

«Il s’agissait simplement d’une mauvaise tempête qui a déchiré notre voilure, mais qui n’est pas parvenue à nous faire dévier de notre cap», a estimé Marcel Ospel. Le Bâlois a été applaudi, même s’il a aussi été sévèrement critiqué lors de la discussion sur les pertes de l’an dernier.

Une ère nouvelle

Elu au conseil d’administration à une écrasante majorité, malgré les huées de quelques petits actionnaires et des voix lui reprochant son manque d’expérience bancaire, le nouveau président Peter Kurer a souligné la nécessité de tourner la page.

Le juriste de 59 ans a précisé les mesures de redressement prises et la nouvelle organisation. Le conseil d’administration devra être une instance stratégique active qui surveille la direction, notamment en matière de risques.

Un nouveau comité des risques sera par ailleurs instauré, présidé par David Sidwell, ancien banquier de chez Morgan Stanley. Il analysera systématiquement et en permanence les portefeuilles de la banque. Il veillera à ce que des processus appropriés de contrôle des risques soient appliqués, y compris la révision interne en la matière.

Peter Kurer a précisé tenir au modèle d’affaires intégré, mais selon une formule allégée. L’allocation de capitaux devra être beaucoup plus disciplinée à l’avenir. La prudence sera de mise en matière de risque. «Nous saurons tirer les enseignements des événements récents et faire entrer notre banque dans une ère nouvelle», a-t-il assuré.

Ethos au front

Le directeur d’UBS, Marcel Rohner, a reconnu les erreurs de la banque, notamment un manque de simplicité et de distance critique. L’utilisation de l’excédent de trésorerie provenant de la gestion de fortune pour favoriser la croissance organique de la banque d’affaires était une erreur, admet-il.

Autre leçon tirée: la banque ne doit pas céder à la tentation visant à privilégier la croissance bénéficiaire à court terme. Copier la concurrence n’était pas la bonne solution.

Une cinquantaine d’orateurs étaient inscrits et bon nombre ont fait part de leur frustration et de leurs critiques. Le représentant de la fondation Ethos, Dominique Biedermann, a réclamé la convocation d’une assemblée générale extraordinaire d’ici la fin de l’été en vue d’une refonte du conseil d’administration.

A ses yeux, il ne compte pas assez de spécialistes de la finance. L’entrepreneur schaffhousois Thomas Minder, promoteur de l’initiative «contre les rémunérations abusives», a brandi de son côté la menace d’un procès si Marcel Ospel devait obtenir une indemnité de départ.

swissinfo et les agences

Résultat de la fusion en 1997 entre la Société de Banque Suisse (SBS) et l’Union de Banque Suisse, UBS est la plus grosse banque helvétique et la dixième mondiale. C’est une banque globale intégrée dont les activités vont de la gestion de fortune (numéro un mondial) à la banque d’investissement en passant par la gestion d’actifs et la banque de détail.

Elle emploie 80’000 collaborateurs – 38% en Amérique, 34% en Suisse, 17% en Europe et 11% en Asie.

Fortement ébranlée par la crise du «subprime» aux Etats-Unis à travers sa banque d’investissement, UBS a dû jusqu’ici procéder à des dépréciations d’actifs pour 37 milliards de francs.

Gestion de fortune: activité qui concerne tous les aspects de la gestion, des services (fiscalité…) et du conseil (achat d’œuvres d’art…) proposés aux détenteurs d’un patrimoine important.

Banque d’investissement: s’adresse aux entreprises et aux gouvernements à travers des services très sophistiqués – accès aux marchés pour y lever des fonds (bourse, etc), conseil en matière de fusions et acquisition. Elle propose aussi des solutions très complexes d’ingénierie financière.

Gestion d’actifs: avec de nombreux produits de placement, le secteur «Asset management» gère les actifs de ses clients, des investisseurs institutionnels surtout (compagnies d’assurances, caisses de retraite).

Banque de détail: s’adresse aux particuliers et aux petites entreprises en leur offrant des produits souvent standardisés – épargne, moyens de paiement, crédit, assurance, etc.

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