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Ueli Maurer: concrétiser plutôt que conceptualiser

Ueli Maurer vise toujours à faire de l'armée suisse 'la meilleure du monde'. Keystone

Au cours de ses trois premiers mois en tant que ministre, ce sont «de graves lacunes» qu'Ueli Maurer a constaté au Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports. Il compte corriger le tir avec «passion» et «transparence».

A l’approche de ses cent jours à la tête du ministère de la Défense, Ueli Maurer a souhaité dresser un «bilan intermédiaire» devant la presse.

Sa méthode de travail, a-t-il expliqué:
1. Analyser la situation.
2. Prendre des mesures d’urgence.
3. Structurer les problèmes et les résoudre.

Aujourd’hui, pour Ueli Maurer, le stade de l’analyse n’est pas encore terminé, mais il constate des lacunes plus graves que prévu dans le domaine de la Défense. Après les turbulences de ces dernières années y règnent selon lui une grande incertitude, une certaine désorientation et de la résignation.

Car la «vue d’ensemble s’est évanouie et les forces se sont éparpillées». Les différentes réformes de ces dernières années se sont traduites par plus de 1000 projets en cours!

La responsabilité de cet état de fait, il ne l’impute pas à son prédécesseur, Samuel Schmid, qu’il avait pourtant violemment attaqué lorsqu’il était président de l’UDC (Union démocratique du Centre, droite conservatrice), mais au principe même des réformes.

De son côté, Ueli Maurer ne veut pas lancer de nouveaux grands chantiers mais «éliminer les insécurités, augmenter l’efficacité et économiser les coûts».

Changement de ton

Si la liste des problèmes que le nouveau ministre de la défense a recensés sonnait comme un écho aux exigences posées la veille par son parti, le Zurichois s’est toutefois distancé de son parti sur deux points.

Les engagements de l’armée à l’étranger ont été décidés par le Parlement et le conseiller fédéral s’y plie. Pas question non plus de supprimer le poste de chef de l’armée, occupé depuis peu par André Blattmann.

Par contre, comme son parti, Ueli Maurer s’est indigné que parallèlement à la réduction de la troupe à 120’000 militaires, les états-majors aient gonflé de 40%.

Il s’agira donc d’élaguer dans la hiérarchie, par exemple en réunissant l’état-major de planification de l’armée et celui du chef de l’armée. Exit aussi la Direction de la politique de sécurité qui sera intégrée dans l’Etat-major du Secrétariat général du Département fédéral de défense (DDPS).

Logistique à consolider

Les moyens libérés en termes de finances et de personnel pourront être transférés à la consolidation de la logistique. Le ministre de la défense a constaté de grands problèmes à ce niveau.

Pas moins de 600 programmes informatiques cohabitent. Il s’agira de les réunir en une seule plateforme. Plus important encore: éviter les conséquences néfastes de la suppression de 2000 emplois dans le domaine logistique. Faute de coordination, il n’est parfois plus possible de livrer les munitions.

Le conseiller fédéral n’a pas été jusqu’à estimer comme l’UDC que l’armée n’était plus prête au combat. Mais il a reconnu que seuls cinq bataillons sur vingt pourraient être engagés sans délai. «Il faudrait attendre jusqu’à 15 ans» pour que tous soient sur pied de guerre.

Mandat à définir

Dans quelle direction l’armée doit-elle se développer à l’avenir? Plus d’engagements à l’étranger? Plus d’engagement civil? Un retour à la défense traditionnelle?

Ueli Maurer ne donne pas encore de réponse. Il rappelle qu’un rapport sur la sécurité devrait être publié d’ici la fin de l’année. «Nous avons besoin d’un consensus en matière de politique de sécurité, dit-il, afin que nous puissions définir ce que doit être le rôle de l’armée».

C’est avec la même approche qu’il légitime le report de l’achat de nouveaux avions de combat.

Pour éliminer la liste des lacunes constatées, le Zurichois veut agir avec «passion». Ueli Maurer souhaite également agir dans «l’ouverture, la confiance, la transparence et l’honnêteté». Il souhaite être confronté aux critiques, raison pour laquelle il a créé à un organe interne de contrôle.

swissinfo, sur la base d’un article en allemand d’Etienne Strebel

Ueli Maurer voit un potentiel de conflit dans le «choc des cultures» – l’Orient contre l’Occident.

Au cours des prochaines années, le monde occidental sera confronté à une islamisation renforcée. Ueli Maurer voit dans l’immigration de jeunes gens avec une formation modeste et sans travail un «véritable risque». Selon lui, les affrontements sociaux qu’a connus la France ont également un arrière-plan culturel.

Quoi qu’il en soit, c’est une problématique qui selon lui relève plus de la police que de l’armée.

L’armée suisse fonctionne selon le principe de la milice: tous les hommes en âge de servir suivent une formation de base et se perfectionnent lors de cours de répétition réguliers.

Selon la Constitution fédérale, l’armée vise à empêcher la guerre et contribue au maintien de la paix. Elle soutient les autorités civiles lors de menaces graves pour la sécurité intérieure et lors d’autres crises extraordinaires.

L’armée suisse participe en outre à des missions humanitaires et de maintien de la paix.

1950: naissance à Wetzikon, dans le canton de Zurich. Apprentissage d’employé de commerce et diplôme de comptable.

1994: directeur de l’Association zurichoise des paysans.

1978: début de sa carrière politique

1983: élu au parlement cantonal, dont il est le président en 1990-1991.

1991: député à la Chambre du Peuple

1996: président de l’Union démocratique du Centre.

2008: élu au gouvernement (Conseil fédéral); il dirige le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS).

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