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Un éditeur ancré dans une région

Jean-Claude Piguet, la passion pour une région. (Photo SP)

Jean-Claude Piguet dirige les Éditions Mon Village (initiées par le paysan-éditeur A-L. Chappuis), mais aussi les Presses du Belvédère, maison franco-suisse dédiée à la publication d'ouvrages sur le Jura, des deux côtés de la frontière.

Pour swissinfo, Rolf Kesselring est allé, en voisin et ancien confrère, à la rencontre de Jean-Claude Piguet.

Passionné par l’édition, Jean-Claude Piguet poursuit sa route, les yeux émerveillés par sa région.

Il est ce voyageur sédentaire dont parlait Gilles Vigneault naguère, il demeure un rêveur qui arpente villes et villages, forêts et pâtures, gorges et sommets, ces endroits de la terre où les nuées volantes touchent à la pierre des montagnes.

swissinfo: Jean-Claude Piguet, fils et petit-fils d’horlogers de la Vallée de Joux, rien, au début de votre existence, ne paraissait vous destiner à devenir éditeur. Pouvez-vous nous expliquer ce parcours apparemment sinueux?

Jean-Claude Piguet: Il est vrai que je suis allé à l’École de commerce de Lausanne et que j’ai terminé ces études avec un bac. On pourrait penser qu’il y a une énorme distance entre des études commerciales et l’édition, mais, à vrai dire, il n’en est rien.

swissinfo: J’ai lu que vous aviez aussi obtenu une licence en sciences-politiques…

J-C. P.: Oui, c’était à la fin des années soixante. Le but était de me diriger vers le journalisme. Mais la vie et l’implication dans cette région ont fait que, finalement, en 1980, je me suis mis à enseigner à Sainte-Croix.

swissinfo: Pour finalement revenir au journalisme, d’abord par des collaborations dans la presse régionale, puis par le biais de l’édition de journaux locaux…

J-C. P.: Oui. En 1988, après la disparition de «La Feuilles d’Avis de Sainte-Croix», je monte une imprimerie coopérative et je crée le «Journal de Sainte-Croix et environs». En effet, il me paraissait qu’il y avait un manque, et mon implication dans la région m’obligeait à des actes locaux. C’est ainsi, qu’à cette période, je publiais «Les Cahiers du Balcon du Jura». Mon intérêt pour les affaires de la région m’a aussi conduit, plus tard, à me présenter aux élections, puis à me faire élire comme député au Grand Conseil vaudois (parlement cantonal, ndlr).

swissinfo: A partir de 1988, vous étiez donc à la fois imprimeur et éditeur à Sainte-Croix. Que s’est-il passé ensuite?

J-C. P.: Celui qui n’avance pas, recule, dit-on… Une opportunité s’est présentée à moi en 1994. Les Editions Mon Village, très connues en Romandie et spécialisées dans la littérature régionale étaient à vendre.

Cette maison, créée par Albert-Louis Chappuis en 1953, possédait un public de fidèles et un catalogue recélant des noms connus comme Samuel Chevallier («Le Silence de la terre») et André Besson, auteur franc-comtois devenu célèbre à la parution de son ouvrage intitulé «La Grotte au loups».

Il y avait aussi Bernard Clavel (Prix Goncourt 1968), Maurice Métral ou Louis-Albert Zbinden. Les Editions Mon Village avaient connu de nombreux succès. Lorsque j’ai appris que cette enseigne était sur le marché, presque naturellement, je m’en suis porté acquéreur, songeant à un renforcement de mon action littéraire et commerciale.

swissinfo: Mais n’avez-vous pas craint de mettre en concurrence «Mon Village» et «Les Presses du Belvédère», par exemple?

J-C. P.: Pas du tout! C’est même cette double enseigne qui nous a obligé à bien différencier les deux actions. «Mon Village» ayant déjà plusieurs dizaines de romans «du terroir», comme on dit, au catalogue, sa ligne était toute tracée.

Par conséquent, «Les Presses du Belvédère» pouvaient être consacrées, presque automatiquement, à des ouvrages plus documentaires sur le Jura des deux côtés de la frontière. Et puis la synergie entre l’imprimerie, les différentes éditions, du point de vue de logistique, n’était pas un argument à négliger.

swissinfo: Finalement, êtes-vous plus hommes d’affaires ou davantage éditeur?

J-C. P.: Homme d’affaires? Le serais-je jamais!? Si j’étais véritablement ce que vous dites, j’aurais choisi d’autres secteurs que l’édition!

Interview swissinfo, Rolf Kesselring

Cette maison d’édition a été fondée par Albert-Louis Chappuis, agriculteur et écrivain. C’est pour auto-publier son roman «La moisson sans grain» (1955) qu’il créée les Editions Mon Village.

En 1959, il publie «Les labours d’espérance» illustrés par le peintre Hans Erni.

En 1963, il lance le Prix littéraire du terroir romand, qui sera remporté par l’auteur franc-comtois André Besson pour «La grotte aux loups». Une cinquantaine d’ouvrages de cet auteur suivront…

Littérature régionale… Mais les tirages des éditions Mon Village ont parfois atteint les 20.000 exemplaires!

Créées au printemps 2005, les éditions franco-suisses «Les Presses du Belvédère» sont installées en Suisse dans l’Arc Jurassien à Sainte-Croix (Vaud) et Fleurier (Neuchâtel), ainsi qu’en France à Pontarlier, en plein cœur du massif du Jura.

Les «Presses du Belvédère» développent une ligne éditoriale axée essentiellement sur les livres régionaux : Franche-Comté, Bourgogne, Suisse Romande… Une autre orientation éditoriale vient d’être mise en place et concerne l’économie et le monde des entreprises.

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