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Un anniversaire qui réveille les griefs

Les favelas de Rio. FMI et Banque mondiale contribuent-ils réellement à réduire la pauvreté? Keystone

Les institutions de Bretton Woods ne font pas suffisamment pour répondre aux besoins des pays en développement, clame une ONG suisse.

La critique survient au moment où Fonds monétaire international (FMI) et Banque mondiale célèbrent leurs soixante ans à Washington.

Jean-Claude Huot est secrétaire permanent de la Déclaration de Berne, une organisation non gouvernementale (ONG) suisse. Pour lui, les institutions de Bretton Woods (site historique de leur constitution) ne sont pas suffisamment sensibles aux besoins des pays en développement.

«Le principal problème est que ces institutions ont promis beaucoup: lutte contre la pauvreté, bonne gouvernance, etc. Mais elle ne sont pas démocratiques et, de ce fait, ne travaillent pas correctement».

Jean-Claude Huot pense en particulier au remboursement de la dette. Une exigence qui ne contribue pas à alléger les conditions de vie des pauvres et peut annihiler les perspectives économiques de nombreux pays.

La Suisse est membre de ces institutions depuis plus de dix ans. Elle estime pour sa part qu’elles remplissent leur mandat, qui consiste à aider les pays pauvres.

«Le FMI n’est pas une agence de développement, rappelle toutefois la porte-parole de la délégation helvétique au FMI. Il a pour principal rôle de soutenir les pays dans la conduite de leur politique macro-économique».

Friederike Pohlenz poursuit: «Le FMI est indispensable pour leur permettre de maximiser les opportunités et de minimiser les risques de la globalisation».

La transparence en question

Pour la Déclaration de Berne, le manque de transparence au sein du FMI et de la Banque mondiale est particulièrement évident au moment de la sélection de leurs directeurs. Le choix se fait en effet à huis clos.

Au FMI, le poste est traditionnellement réservé à un Européen, tandis que la direction de sa consœur est toujours revenue à un Américain.

Il est temps de rendre transparent ce processus de désignation, estime la Déclaration de Berne. Et d’ouvrir ces postes aux candidats des pays en développement.

«En 2000, des discussions ont eu lieu concernant la sélection des directeurs, rappelle Jean-Claude Huot. Il avait été décidé de revoir ce processus et de mettre en place une procédure d’élection. Mais rien n’a changé».

Friederike Pohlenz le rejoint sur l’idée qu’un changement est nécessaire. Elle souligne que la Suisse se bat en faveur d’un processus de sélection plus transparent.

Mais la Déclaration de Berne exige de la Suisse qu’elle adopte une ligne ferme lors de la réunion de ce week-end à Washington. Et qu’elle s’engage en faveur de l’élection de directeurs plus en phase avec les besoins des pays en développement.

L’ONG accuse la Suisse d’avoir peur de sortir du bois sur cette problématique – une critique que la délégation helvétique au FMI rejette.

Une participation utile

«Depuis qu’elle est membre, la Suisse n’a eu de cesse de chercher à imposer des changements, notamment en matière de transparence, où nous sommes parvenus à obtenir la publication de rapports», indique Friederike Pohlenz.

Malgré ses griefs, la Déclaration de Berne reconnaît que, grâce à sa participation, la Suisse parvient à faire entendre sa voix.

«De notre point de vue, il était important que la Suisse devienne membre de ces institutions, explique Jean-Claude Huot. Nous pouvons ainsi participer aux décisions».

«En tant qu’ONG, nous sommes en contact avec les membres suisses du conseil, nous pouvons faire entendre nos opinions et susciter la discussion sur des sujets comme la réduction de la dette en lien avec les multinationales».

Jean-Claude Huot va plus loin. Il estime que la Suisse a apporté une expérience utile à ces institutions.

«Au sein de la Banque mondiale au moins, il a été possible de mettre sur la table l’expérience suisse en matière de politique du développement».

swissinfo, Joanne Shields
(traduction: Pierre-François Besson)

– Sous la dénomination d’institutions de Bretton Woods, on range le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.

– Elles ont été instaurées à Bretton Woods (Etats-Unis) en 1944 pour prévenir la répétition de politiques économiques qui ont mené à la Grande dépression des années 30.

– Ces deux institutions regroupent 184 pays membres.

– La Suisse a rejoint les deux institutions en 1992. Au sein du FMI, elle représente la Pologne, la Serbie-Monténégro, l’Azerbaijan et quatre pays d’Asie centrale.

– La réunion de printemps a lieu ce week-end (24 et 25 avril) à Washington.

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