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Un chocolatier suisse dans le désert

Daniel Hutmacher, patron des chocolatiers suisses du désert. Coll. privée

Après une carrière internationale dans l'hôtellerie, Daniel Hutmacher a ouvert une chocolaterie à Ras al-Khaimah, dans le nord des Emirats arabes unis. Ses produits haut de gamme mêlent avec bonheur tradition artisanale suisse et saveurs orientales.

Qu’il déguste une fondue dans la jungle indonésienne ou un carré de chocolat dans le désert, Daniel Hutmacher se sent chez lui partout.

Les drapeaux helvétiques qui ont entouré la venue d’Alinghi à Ras al-Khaimah lui ont pourtant fait plaisir, lui qui ne manque jamais de célébrer le 1er Août.

«Tous les matins, je regarde s’ils sont encore là, s’ils ne sont pas rentrés. Depuis la fenêtre de notre maison, je vois le mât d’Alinghi», raconte ce Bernois d’origine et Neuchâtelois d’adoption qui vit dans les Emirats avec sa famille depuis 2005.

Il regrette donc que les derniers démêlés juridiques entre les deux équipes de voile aient abouti à l’abandon du projet émirati. Pour lui en effet, la Coupe de l’America aurait représenté une occasion supplémentaire de développer son activité centrée sur le chocolat artisanal.

Pigeon voyageur

Car celui-ci encore peu connu dans les Emirats et au Moyen-Orient en général. «Ils connaissant le chocolat suisse, mais ils en mangent en Suisse. Ici, on trouve bien sûr du chocolat, mais de qualité moyenne à mauvaise», explique l’entrepreneur.

Après avoir étudié le marché, il a donc décidé, en mars 2008, de lancer «Les chocolatiers suisses du désert». Avec l’idée de faire de la qualité helvétique «made in uae». Pour ce faire, il s’est adjoint les services d’un autre Neuchâtelois au parcours chocolaté, Serge Decrauzat, lequel a auparavant travaillé plus d’une vingtaine d’années à New York.

Daniel Hutmacher quant à lui a également beaucoup voyagé. Après un apprentissage de confiseur et un autre dans la restauration, il a suivi l’école hôtelière de Lausanne. Ce qui l’a amené, avec son épouse également formée dans ce domaine, à occuper différents postes à responsabilités.

Pour la chaîne d’hôtels Sheraton, tous deux commencent par travailler en Indonésie. D’où ils explorent une bonne partie de l’Asie et de l’Australie. Contraints de revenir en Suisse en 1998 en raison de la crise asiatique, ils s’arrêtent à Lucerne, à Gstaad, puis à Lausanne. En 2005, c’est Mövenpick qui leur ouvre la voie du Moyen-Orient.

Père Noël en chocolat

«Avoir travaillé dans l’hôtellerie me permet aujourd’hui d’aller voir les hôtels avec des solutions adaptés à leurs besoins», se félicite Daniel Hutmacher, qui confie détester une seule chose: «rester assis à un bureau».

Avec un véhicule réfrigéré, il sillonne donc les routes des Emirats, assurant la plupart du temps lui-même la distribution de ses produits jusqu’à Abu Dhabi et Dubaï. Sur un marché où plusieurs marques locales ou étrangères sont déjà établies, l’étiquette helvétique représente un avantage indéniable.

Mais ce marché «intéresse aussi les grands comme Lindt ou Läderach». C’est pourquoi le «chocolatier du désert» mise sur la qualité, la présentation directe et le travail d’éducation. «Récemment, on a fait une démonstration sur le yacht d’une famille omanaise. J’avais l’impression d’être le Père Noël en train de raconter des histoires à des enfants», rigole-t-il.

Un Père Noël néanmoins doté, comme il se doit, d’un certain sens des affaires puisqu’il pense la création chocolatière en termes de collections. Ainsi, des nouveautés sortent régulièrement et des éditions spéciales voient le jour dans des boîtes semblables à des écrins à l’occasion par exemple du ramadan, de la Saint-Valentin ou même du changement de saison.

Dragon asiatique

Framboise, piment, curry, noix de coco les arômes proposés ont de quoi dépayser l’adepte de la simple tablette chocolat-noisettes. Confectionnés à partir d’une masse importée de Suisse, les chocolats proposés doivent refléter le juste compromis entre les goûts de la clientèle moyen-orientale et l’approche helvétique du travail de confiserie.

«On essaie de ne pas être trop sucré, de ne pas être collant sur la langue et le palais comme le sont plusieurs spécialités locales. Nous recherchons des goûts subtils, intéressants, pas trop sucrés», explique Daniel Hutmacher. Beurre de cacao, épices soigneusement choisies, curry préparé maison, c’est là tout ce qui doit faire la différence.

Quant à l’inspiration, «Les chocolatiers suisses du désert» la trouvent autant dans leurs voyages précédents que dans leurs souvenirs d’enfance ou dans les découvertes effectuées au Moyen-Orient. «Avec nos arômes, on veut exprimer des visions, des choses qui sortent de l’ordinaire», ajoute-t-il.

La suite? Daniel Hutmacher espère voir prospérer son «atelier-chocolat» de manière à pouvoir y ouvrir une boutique et y organiser des démonstrations. Dans un avenir plus lointain, c’est cependant le dragon asiatique qu’il rêve d’aller tenter avec ses créations chocolatées.

Carole Wälti, swissinfo.ch

Les Emirats arabes unis sont situés sur le Golfe persique et le Golfe d’Oman, proches du Quatar, d’Oman et de l’Arabie Saoudite. Au total, ils comptent 4,4 millions d’habitants et la capitale est Abou Dhabi.

Ras al-Khaimah est l’un des sept Emirats. Il est situé au nord des Emirats arabes unis.

Plutôt pauvre en pétrole, cet Etat – qui compte 250’000 habitants – vit principalement du tourisme, du commerce et de l’agriculture.

Ras al-Khaimah est une monarchie constitutionnelle dirigée depuis 1948 par le cheik Sakr al-Qasimi.

Jusqu’à il y a peu, le site était prévu pour la 33e Coupe de l’America. Alinghi y a en effet installé sa base et s’est entraîné dans ses eaux.

L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a également prévu d’implanter un futur campus à Ras al-Khaimah et un quartier suisse est prévu à Masdar City (Abou Dhabi) qui doit être la première ville 100% écologique du monde.

En 2008, la Suisse a exporté pour 2840 millions de francs vers les Emirats arabes unis (EAU).

Les instruments de précision, les machines et appareils et les véhicules sont les principaux biens exportés.

Au niveau des importations en provenance des EAU, elles ont atteint 443 millions en 2008.

La Suisse importe principalement des instruments de précision, ainsi que des métaux précieux.

(Source: Osec)

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