Un film comique 100% helvétique
«Ernstfall in Havanna»: ce film, réalisé par l'humoriste Viktor Giacobbo, vient de sortir dans les salles alémaniques. Un pur produit suisse.
«Ne parlez pas dans votre langue secrète!» C'est en ces termes que le chef de la police de la Havane apostrophe un diplomate suisse et son garde du corps. Les deux fonctionnaires sont accusés d'avoir provoqué une seconde crise cubaine. Et, qui plus est, de parler suisse-allemand.
La scène est tirée du film «Ernstfall in Havanna» (Crise à la Havane). A l'écran, on trouve notamment Viktor Giacobbo, un comique alémanique en qui certains voient l'homme qui fera renaître le cinéma suisse.
Une nouvelle «Baie des cochons»?
«Ernstfall in Havanna», donc, raconte les mésaventures d'un diplomate suisse de second rang. Profitant de l'absence de l'ambassadeur, ce fonctionnaire présente la vie nocturne de la Havane à un sénateur américain.
Aussi ambitieux que maladroit, le fonctionnaire made in Switzerland finit par entraîner une véritable crise diplomatique. Qui emporte avec elle une fascinante femme de chambre cubaine, la police cubaine, la chaîne de télévision CNN, le ministre suisse des Affaires étrangères et même le président américain...
Une intrigue, en somme, qui pourrait être le cauchemar de tous ceux qui, en Suisse, craignent tout rapport direct avec les puissances étrangères... Mais cette satire ne se fait jamais trop mordante.
Satire light
Certes, la Suisse est présentée comme un pays un peu endormi. Mais au final, elle paraît plutôt sympathique. Nettement plus, en tous les cas, que la grande puissance américaine ou encore que la dictature cubaine.
Rien à voir avec «Die Schweizermacher» (Les Faiseurs de Suisses). A l'époque, ce film en avait froissé plus d'un. Notamment parce que le film s'attaquait à la politique d'immigration helvétique. D'ailleurs, son réalisateur avait fait l'objet de lourdes menaces de la part de l'extrême droite.
«Ernstfall in Havanna», au contraire, ne dérangera personne. Ni la droite, ni la gauche ne pourront s'identifier au diplomate Stefan Balsiger. Le succès est donc à portée de main.
Cap sur le box office
La presse s'attend d'ailleurs à ce que ce nouveau film fasse de nombreuses entrées, à l'instar de celui de ces fameux «Faiseurs de Suisses»: le plus grand succès du cinéma helvétique avait attiré près d'un million de spectateurs.
La présence à l'écran de Viktor Giacobbo, qui est aussi coauteur du scénario, est à elle seule une garantie de succès. Ce comique est une vraie star pour les téléspectateurs alémaniques.
Depuis douze ans, il anime une émission satirique mensuelle, «Viktor's Spätprogramm», dont les taux d'écoute ont de quoi faire pâlir jusqu'aux très populaires débats politiques de l'émission «Arena».
Et les réalisateurs se sont donnés les moyens de leurs ambitions. Le film a coûté trois millions de francs, une très grosse somme pour un film helvétique.
Andrea Tognina

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