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Un gouvernement féminisé avec Viola Amherd et Karin Keller-Sutter

Le futur visage du Conseil fédéral. Keystone/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Le Conseil fédéral comptera trois femmes dès l’an prochain. L’Assemblée fédérale a élu mercredi brillamment Viola Amherd et Karin Keller-Sutter pour remplacer Doris Leuthard et Johann Schneider-Ammann. L’élection de deux femmes à la fois est une première.

Les hommes resteront majoritaires au gouvernement avec quatre ministres, mais la représentativité des deux sexes sera améliorée. Interrogée à répétition sur les conséquences de la féminisation du gouvernement, Karin Keller-Sutter a jugé exagéré de dire que tout allait changer.

La libérale-radicale qui n’aime pas trop parler de féminisme compte s’engager pour l’égalité des chances. La démocrate-chrétienne Viola Amherd a de son côté annoncé qu’elle continuerait de se battre pour les familles et l’égalité salariale.

Ancienneté au gouvernement oblige, le Parlement a réglé d’abord la succession de Doris Leuthard. Alors que l’élection semblait plus ouverte que pour le siège libéral-radical, Viola Amherd n’a pas eu à trembler.

Plus vite que prévu

La conseillère nationale valaisanne de 56 ans a été élue dès le premier tour par 148 voix sur 240 bulletins valables. L’intéressée elle-même a avoué que cela s’était déroulé plus vite et de manière moins mouvementée que ce à quoi elle s’attendait.

Sa concurrente sur le ticket du PDC, la conseillère d’Etat uranaise Heidi Z’graggen, a obtenu 60 voix. Elle avait le désavantage de ne pas siéger sous la coupole et donc d’avoir une moins bonne notoriété. Le président du PDC Gerhard Pfister a recueilli 17 voix.

Le résultat de Viola Amherd est encore meilleur que celui de Doris Leuthard. L’Argovienne avait été élue au gouvernement en 2006 aussi au premier tour, mais avec 133 voix. Il faut remonter à 1989 pour trouver une élection au Conseil fédéral dès le premier tour.

Favorite élue

Sans surprise, la succession de Johann Schneider-Ammann au Conseil fédéral a été pliée tout aussi vite. La conseillère aux Etats libérale-radicale Karin Keller-Sutter de 54 ans était donnée ultra favorite.

Elle a d’emblée décroché son billet pour le gouvernement par 154 voix sur 237 bulletins valables. Taxé par certains de candidat alibi, son colistier sur le ticket PLR, le conseiller aux Etats nidwaldien Hans Wicki a obtenu 56 voix.

La nouvelle élue n’est que la deuxième femme PLR à siéger au gouvernement. Seule Elisabeth Kopp l’a précédée à cette fonction, mais la première conseillère fédérale de l’histoire avait dû quitter le gouvernement en 1989. Karin Keller-Sutter a jugé que son élection constituait la fin d’un chapitre difficile pour les femmes du PLR.

La Saint-Galloise avait déjà tenté d’accéder au Conseil fédéral en 2010. Elle avait échoué face à Johann Schneider-Ammann, mais faisait pas encore partie du sérail. Elle dirigeait le département saint-gallois de justice.

Suisse orientale et Arc alpin

Depuis mercredi, la Suisse orientale n’est plus laissée à l’écart du gouvernement. Avec Karin Keller-Sutter, St-Gall aligne désormais officiellement six conseillers fédéraux. L’Arc alpin n’a pas été oublié. Viola Amherd est la quatrième ministre du Valais.

Les deux nouvelles élues n’ont pas l’intention de s’immiscer dans les affaires du gouvernement avant le 1er janvier. Elles se sont dites prêtes à reprendre tous les départements. Des préférences existent mais le plus important est d’être membre du Conseil fédéral. Et c’est lui qui tranchera, a fait valoir Karin Keller-Sutter.

Interrogée sur le dossier européen, Viola Amherd n’a pas voulu dévoiler sa position. “Je ne connais pas le contenu de l’accord-cadre” avec Bruxelles qui sera traité vendredi au Conseil fédéral, si ce n’est via les médias, a-t-elle précisé.

Karin Keller-Sutter s’est avancée un peu plus. Elle a insisté sur la nécessité de défendre les mesures d’accompagnement. “Je suis convaincue que si l’on veut poursuivre sur la voie bilatérale, il faut protéger les salaires”. On ne pourra pas gagner une votation sur la libre circulation des personnes sans maintenir cette protection à son niveau actuel.

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