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Un mariage de raison annoncé à droite

Poignée de main entre les «fiancés». Fulvio Pelli (à gauche), président radical, et son homologue libéral Pierre Weiss. Keystone

On en parle depuis des années, ce devrait être fait dans six mois. Radicaux et libéraux veulent fusionner au niveau national. Les instances dirigeantes des deux partis mettent le projet en consultation jusqu'au 29 août.

La base des deux formations devra notamment dire quel nom elle veut donner au nouveau parti. Plusieurs options sont proposées car comme le fait remarquer la libérale Chantal Balet, «il est important de trouver une marque dans laquelle on se reconnaît».

On pourrait ainsi reprendre les deux noms et en faire un parti libéral-radical. Ses initiales (PLR)seraient accompagnées de la mention «les Libéraux-Radicaux». Mais la base pourra aussi demander un changement plus profond de l’identité et faire des propositions en ce sens.

Garanties pour les libéraux

Côté statuts, le «petit frère» libéral se verrait offrir des garanties pendant une période transitoire de sept ans. Ainsi, les libéraux devraient être représentés de manière appropriée dans tous les organes de direction jusqu’aux élections fédérales de 2015.

Au moins trois de la vingtaine de membres du comité directeur proviendraient du courant libéral, tout comme un des quatre vice-présidents.

En outre, les libéraux des cantons de Bâle-Ville, de Genève et de Vaud pourraient continuer à coexister avec les radicaux. Les deux formations seraient simplement tenues de travailler en commun et de conclure des alliances pour les élections fédérales et, si possible, pour les scrutins cantonaux.

«Il faut laisser quelques années aux partis cantonaux pour pondérer avantages et inconvénients d’une fusion», explique le président des libéraux Pierre Weiss, convaincu que la récente fusion dans le canton de Neuchâtel et celle qui s’annonce au niveau national les aideront à se décider.

Symbolique

En attendant, tant Pierre Weiss que Fulvio Pelli, président du parti radical, ne tarissent pas d’éloges sur ce futur parti, «le plus jeune de Suisse mais aussi celui avec la plus vieille tradition».

Et d’estimer que 35% de la population suisse se reconnaît dans les valeurs libérales-radicales, même si l’objectif électoral de la fusion reste plus modeste. En effet, le nouveau parti représentera 17,7% des suffrages exprimés lors des dernières élections fédérales, ce qui en fait la troisième formation du pays, derrière les nationalistes de l’UDC et les socialistes.

«Cette fusion revêt d’abord une valeur symbolique, mais ce n’est pas elle qui va résoudre les problèmes du parti radical», note pour sa part Georg Lutz, de l’Université de Lausanne.

«Pour l’heure, je ne vois pas de ligne politique radicale qui pourrait attirer de nouveaux électeurs», ajoute le politologue. Pour lui, la vraie question qui se pose aux partis du centre-droit est celle des alliances qu’ils pourront conclure entre eux, car il n’y a actuellement pas de place pour «quatre partis qui présentent des profils similaires».

Grande famille

«Notre but est de convaincre tous les libéraux de tirer à la même corde», déclare de son côté Fulvio Pelli. A ce titre, la porte est ouverte aux bourgeois démocrates qui ont quitté les rangs de l’UDC ainsi qu’aux Verts libéraux… pour autant que ces formations fassent part de leur intérêt.

S’agissant des dissidents de l’UDC, le président radical ne voit pas dans cette scission «une révolution». Simplement parce que cette composante du parti «a toujours été là et aura été réprimée pendant trop longtemps».

Les bourgeois démocrates doivent maintenant choisir leur voie. «S’ils pensent rester une petite UDC ou une UDC plus gentille que la grande, ils n’auront guère d’avenir, prédit Fulvio Pelli. Par contre, s’ils décident de venir renforcer le pôle libéral, alors je pense qu’ils pourront représenter une force politique importante et utile».

swissinfo et les agences

Au terme de la consultation, les instances dirigeantes des deux partis plancheront une nouvelle fois sur le projet de fusion en septembre.
Puis les assemblées des délégués se prononceront le 25 octobre à Berne. Si elles donnent leur aval, une assemblée constituante se tiendra le jour même.
Et en janvier, une assemblée des délégués pourrait élire les organes du nouveau parti.

Le libéralisme, tant politique qu’économique, s’est développé en Suisse dès le début du 19e siècle.

Au niveau politique, c’est d’abord le mouvement libéral qui s’est imposé dans plusieurs cantons vers les années 1830.

Plus à gauche que les libéraux, les radicaux ont conduit à l’instauration de l’Etat fédéral moderne en 1848, un Etat sur lequel ils ont régné pratiquement sans partage jusqu’en 1918.

L’Union démocratique du centre (UDC) se rattache également à ce grand courant libéral. Elle est en effet née d’une scission, notamment des milieux agricoles, qui ne se sentaient pas suffisamment écoutés au sein du radicalisme.

Les différents partis issus du mouvement libéral se caractérisent notamment par leur attachement à une économie de libre marché et à la responsabilité individuelle.

De nos jours, le parti libéral a pratiquement disparu au niveau fédéral. Il n’a gardé une certaine importance que dans les cantons protestants de Suisse romande et à Bâle-Ville. Le Parti radical a vu son électorat s’éroder constamment au cours des dernières décennies. Il n’est plus que le 3e parti du pays avec à peu près 15% des voix. L’UDC, qui a pris ces dernières années un net virage nationaliste et populiste, s’est hissée à la première place et représente environ 30% des électeurs.

Aux législatives d’octobre 2007, les libéraux ont obtenu 4 des 246 sièges que comptent les deux Chambres du Parlement. Les radicaux en ont 43, et l’UDC 69.

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