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Un non à la cohésion affaiblirait la Suisse

La Pologne sera le principal bénéficiaire de l'aide suisse à la cohésion. Keystone

Les relations Suisse-Union européenne souffriraient en cas de refus par le peuple de la contribution au fonds de cohésion, estime l'ambassadeur allemand à Berne.

Un avis partagé par le ministre suisse de l’économie. Dans la presse dominicale, Joseph Deiss dénonce le référendum lancé par la droite dure.

Il est prévu que la Suisse verse un milliard de francs sur cinq ans comme contribution à la cohésion de l’Union européenne (UE). Une aide destinée aux dix nouveaux membres.

Le parlement a apporté une base légale au projet lors de sa session de printemps en acceptant la loi sur la coopération avec les Etats d’Europe de l’Est.

Mais la droite dure, opposée à cette aide suisse, a brandi l’arme du référendum. Elle doit récolter 50’000 signatures pour permettre à la population de se prononcer sur la loi.

Divorce politique

Pour le nouvel ambassadeur allemand à Berne Andreas von Stechow, un refus du peuple affaiblirait la Suisse comme partenaire de négociation. A ses yeux, le pays se séparerait politiquement de l’Union européenne.

Un non au Fonds de cohésion serait mal reçu par l’UE, estime le diplomate allemand, dans un entretien publié dimanche par la «NZZ am Sonntag».

Andreas von Stechow ne se fait toutefois pas trop de souci sur l’issue du scrutin. Il fait confiance au citoyen suisse qui, dit-il, saura assumer sa responsabilité.

«Argumentation hypocrite»

Dans une interview à la «SonntagsZeitung», le ministre de l’économie Joseph Deiss, pour sa part, ne ménage pas ses critiques envers l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure) qui a lancé le référendum contre le versement d’un milliard de francs au Fonds de cohésion.

L’argumentation de l’UDC est «incohérente et hypocrite», déclare le conseiller fédéral démocrate-chrétien (PDC, centre droit).

L’UDC a toujours soutenu la voie bilatérale, observe Joseph Deiss. Mais, dans le cas présent, elle fait manifestement de l’opposition pour se profiler en vue des élections fédérales de 2007.

En tant que parti gouvernemental, l’UDC agit de manière irresponsable en mettant en jeu les bonnes relations de la Suisse avec l’UE pour des raisons de tactique électorale, dénonce encore le ministre.

Mauvais pour l’économie

Selon Joseph Deiss, refuser le versement d’un milliard de francs au Fonds de cohésion serait lourd de conséquences car «nos entreprises se retrouveraient alors dans un mauvais climat pour faire des affaires».

Comme l’ambassadeur allemand, le ministre de l’économie estime qu’un non du peuple pourrait également mettre en péril la voie bilatérale. L’UE ou certains pays de l’UE pourraient en tirer les conséquences politiques et, par exemple, refuser de ratifier les accords de Schengen.

Le versement d’un milliard au Fonds de cohésion n’est pas le prix d’entrée pour accéder aux nouveaux marchés d’Europe de l’Est, conclut Joseph Deiss, mais un geste, à la fois de solidarité et dans l’intérêt de l’économie suisse.

swissinfo et les agences

La Pologne sera le principal bénéficiaire de l’aide suisse à la cohésion de l’UE, avec une somme de 489 millions de francs.
La Hongrie recevra 131 millions, la République tchèque 110, la Lituanie 71 millions, la Slovaquie 67, la Lettonie 60, l’Estonie 40, la Slovénie 22, Chypre 6 et Malte 3.
Deux millions sont réservés pour des projets «hautement prioritaires» ultérieurs.

Le Fonds de cohésion a été créé en 1994. C’est un instrument structurel qui a pour but de réduire les disparités économiques et sociales entre les pays membres de l’Union européenne.

Lors de l’élargissement de l’UE en 2004, Bruxelles a demandé à la Suisse d’apporter une contribution financière comme l’avaient déjà fait les autres membres de l’AELE (Norvège, Islande et Liechtenstein).

A l’occasion d’un sommet Suisse-UE en mai 2004, le gouvernement helvétique s’est engagé à verser un milliard de francs au Fonds de cohésion.

Durant leur session de printemps, les Chambres fédérales ont donné leur feu vert au projet. Mais un référendum a été lancé par la droite dure.

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