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Un nouvel avion militaire… pas si guerrier

Présentation en grande pompe du nouveau Pilatus mardi à Stans. Keystone

Sorti mardi des usines de Stans, le PC-21, le dernier-né de Pilatus, se veut le meilleur avion d'entraînement militaire de sa génération.

Huit ans de travail, 200 millions de francs d’investissements et pas moins de 140 ingénieurs pour plancher sur le projet: la naissance du PC-21 est le fruit d’une très longue gestation.

Mais le jeu en valait certainement la chandelle. Pour Sir Peter Norris, général à la retraite de la Royal Air Force, cet avion possède «le potentiel nécessaire pour révolutionner la manière dont est conduit l’entraînement des pilotes, et ceci non seulement en Grande-Bretagne, mais dans le monde entier».

Un cycle complet d’instruction pour les pilotes

Ce potentiel, c’est d’abord la puissance d’un moteur turbo Pratt & Withney, de fabrication américaine et une aérodynamique encore améliorée par rapport à celle de ses prédécesseurs. S’y ajoute une électronique particulièrement performante, qui permet par exemple d’utiliser le même logiciel pour une mission en vol et une mission sur simulateur.

Muni de ces atouts, le PC-21 devrait répondre aux nouveaux besoins des forces aériennes. De plus en plus en effet, celles-ci cherchent à réaliser le cycle d’instruction de leurs pilotes sur un seul appareil avant de les lâcher sur un jet de combat.

Et même à 8 ou 10 millions de francs la pièce, le PC-21 reste quatre fois moins cher que le moindre avion d’entraînement à réaction.

Un concurrent américain à la sauce helvétique

Le PC-21 ne manque pourtant pas de concurrents, à commencer par le Supertucano brésilien et le T-6 américain, lequel est directement dérivé du PC-9 de… Pilatus.

Mais Oscar J. Schwenk, patron des usines de Stans, est optimiste. Il estime le marché potentiel à 1000 avions de ce type pour les vingt prochaines années et ne doute pas que Pilatus en décroche la moitié.

De fait, les forces aériennes américaines, britanniques, australiennes et helvétiques ont été associées au projet dès le départ et seront à l’évidence parmi les premiers clients à acheter le PC-21.

Mais les livraisons ne sont pas pour demain. Après le modèle présenté mardi en grande pompe, Pilatus va en construire un second pour les essais en vol et ne compte pas obtenir des autorités suisses le permis de commercialiser son nouvel appareil avant deux ans. Délai parfaitement normal en l’espèce.

Un excellent appareil d’attaque au sol

Si le PC-21 est capable de transporter des charges d’une tonne et demie sous ses ailes, Pilatus ne prévoit pas de le doter d’un quelconque armement.

Oscar J. Schwenk admet volontiers que son dernier-né ferait un excellent appareil d’attaque au sol, mais affirme que sa société respecte strictement la loi suisse, qui lui interdit de vendre des avions à un pays en guerre.

Depuis la polémique des années 80, Pilatus n’a plus honte d’affirmer qu’elle fabrique des avions militaires. Elle revendique même fièrement le statut de numéro un mondial dans le secteur des appareils d’entraînement.

Mais la firme de Stans, qui a connu un grand succès avec ses modèles PC-6 et PC-12, ne néglige pas pour autant le marché civil. «Notre prochain modèle sera d’ailleurs un avion civil», a promis mardi Oscar J. Schwenk.

En pleine forme

Pilatus compte donc sur ce nouveau modèle pour doper encore la marche de ses affaires qui, même sans cela, se portent plutôt bien. En 2001, l’avionneur avait enregistré un recul de ses ventes, mais une amélioration notable de son cash-flow à 29 millions de francs, pour un demi-milliard de chiffre d’affaires.

Détaché à fin 2000 du groupe Unaxis (ex-Oerlikon-Bührle), Pilatus appartient désormais à un consortium d’investisseurs suisses formé de particuliers, d’une banque privée et de la caisse de pension du groupe Hoffmann-La Roche.

A leur arrivée, les nouveaux propriétaires avaient pris soin de ne toucher ni à l’équipe dirigeante ni aux effectifs. Ceux-ci sont même à la hausse, puisque Pilatus, qui n’employait plus que 980 collaborateurs en 1998, en comptait presque 1200 à fin 2001.

swissinfo/Marc-André Miserez

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