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Un oui timide à la libre circulation des personnes

Keystone

Selon un premier sondage, les partisans de l'extension et de la reconduction de l'accord de libre circulation des personnes entre la Suisse et l'UE font la course en tête (49%). Mais rien n'est joué: les deux camps disposent de solides arguments.

A la fin décembre, 49% des personnes interrogées se déclaraient en faveur du décret demandant la reconduction de l’accord et son extension aux deux nouveaux membres de l’Union européenne, la Roumanie et la Bulgarie. Les opposants représentaient 40% et les indécis 11%.

«Ce résultat représente l’état de la situation à un moment donné, pas un pronostic. Mais cela montre que l’on va plutôt en direction d’un oui le 8 février», déclare Claude Longchamp, directeur de l’institut gfs.berne qui a réalisé ce sondage pour le compte de SRG SSR idée suisse.

Une classe moyenne moins europhile

Ce qui est frappant, c’est la grande congruence de ces résultats avec ceux du premier sondage précédant le vote de septembre 2005 sur l’extension de la libre circulation aux dix nouveaux pays entrés dans l’UE.

A cette époque, le sondage donnait également une proportion de 49% de oui à l’extension. Le camp des opposants était pour sa part de 36%. Le jour du vote, le peuple suisse s’est finalement prononcé en faveur de l’extension par 56% des voix.

Il n’est toutefois pas certain que la situation évoluera cette fois de la même manière. En effet, ce qui est nouveau par rapport à 2005, c’est que la classe moyenne est devenue un peu moins favorable à l’UE.

«Jusqu’à présent, cette classe moyenne s’est toujours exprimée en faveur d’une ouverture vers l’UE, rappelle Claude Longchamp. Mais cette fois-ci, elle va de l’hésitation au refus.»

Ce faisant, la classe moyenne réagit aux changements intervenus sur le marché du travail depuis l’arrivée de main-d’œuvre qualifiée en provenance des pays voisins. Cette pression étrangère les inquiète d’autant plus que les perspectives économiques se sont fortement assombries.

Des arguments convaincants

Les deux camps disposent de solides arguments pour tenter de convaincre les citoyens. L’institut gfs.berne en a testé plusieurs auprès des sondés.

La moitié (50%) des personnes interrogées craignent, comme les opposants au décret, que l’arrivée de davantage de citoyens européens n’exerce une pression supplémentaire sur le marché de l’emploi. Une moitié également (49%), estime que la libre circulation des personnes entraîne une hausse de la criminalité.

Les opposants estiment que le fait de lier deux questions différentes – la reconduction de l’accord d’une part et son extension à la Roumanie et à la Bulgarie d’autre part – est peu démocratique. Cette opinion est partagée par 55% des personnes interrogées. Mais Claude Longchamp relativise: «Il s’agit certes d’un argument populaire, mais pour beaucoup de gens, il n’est pas suffisant pour motiver un refus».

Du côté des partisans du décret, les arguments font également mouche. Ainsi, celui qui dit que la libre circulation des personnes stimule l’économie et permet de créer des emplois est partagé par 55% des sondés. Par ailleurs, 50% des personnes interrogées estiment que les mesures d’accompagnement permettent de limiter les risques de dumping salarial.

Enfin, comme les partisans, 51% des sondés pensent qu’un rejet de la libre circulation – et donc peut-être de l’ensemble des accords bilatéraux – serait très dommageable pour la Suisse.

Suisse romande plus favorable

Le sondage ne révèle pas de surprise au niveau de l’appartenance politique des partisans et des opposants. Seul les sympathisants de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) sont majoritairement opposés au décret. Les sympathisants des autres grands partis – à droite comme à gauche – y sont favorables.

Comme de coutume lorsqu’il s’agit de thèmes liés à l’UE, les Romands se montrent moins frileux que le reste du pays. 61% des sondés francophones soutiennent la libre circulation contre seulement 47% parmi les germanophones. Enfin, les italophones y sont résolument opposés (69% de non).

swissinfo, Andreas Keiser
(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

49% de sondés soutiennent le décret (29% sont certains de leur vote et 20% tendent vers le oui)
40% de sondé refusent le décret (22% sont certains de leur vote et 18% tendent vers le non)
11% des sondés sont encore indécis
Taux de participation attendu: 48%

L’accord de libre circulation des personnes fait partie du premier paquet d’accords bilatéraux signés entre la Suisse et l’UE en 1999.

Cet accord permet à des citoyens de l’UE de s’installer librement en Suisse et réciproquement. Cette liberté est cependant soumise à des conditions: pour en bénéficier, il faut être en possession d’un contrat de travail, prouver que l’on exerce une activité indépendante ou – pour les personnes sans activité – prouver que l’on dispose des moyens d’existence nécessaires.

Le premier paquet d’accords bilatéraux avait été accepté par le peuple en mai 2000 (67,2%). En septembre 2005, les citoyens avaient également accepté d’étendre cet accord aux 10 nouveaux pays entrés dans l’UE l’année précédente.

Ce premier sondage en vue de la votation du 8 février a été réalisé entre le 22 décembre 2008 et le 4 janvier 2009.

1201 citoyens de toutes les régions linguistiques du pays ont été interrogés par téléphone.

La marge d’erreur est de +/– 2,9%.

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